Scénariste : Andrea Di Stefano
Acteurs : Josh Hutcherson, Benicio del Toro, Brady Corbet
Directeur de la photographie : Luis David Sansans
Compositeur : Max Richter
Monteur : Maryline Monthieux
Genres :Thriller, biopic
Nationalité : Espagne, France, Belgique
Durée : 2h
Date de sortie : 2014
Titre original : Escobar: Paradise Lost
Synopsis : Nick pense avoir trouvé son paradis en rejoignant son frère en Colombie.
Un lagon turquoise, une plage d’ivoire et des vagues parfaites ; un
rêve pour ce jeune surfeur canadien. Il y rencontre Maria, une
magnifique Colombienne. Ils tombent follement amoureux. Tout semble
parfait… jusqu’à ce que Maria le présente à son oncle : un certain Pablo
Escobar.
"LE BON, LA BRUTE ET PABLO ESCOBAR"
A l’heure où la mode
des films plus ou moins biographiques impose un académisme douteux sur la
plupart des productions du genre, bien des histoires au potentiel intéressant
se voient tirées vers les abîmes du classicisme exacerbé et du convenu. Paradise
Lost est malheureusement une illustration de plus de ce problème. Co-production
européenne et première réalisation de l’acteur italien Andrea Di Stefano,
l’évocation d’un pan tardif de la vie du narcotrafiquant Pablo Escobar ne
parvient pas à faire valoir ses quelques bonnes idées au-delà d’un conformisme
venu tout droit d’une quelconque production hollywoodienne.
Propulsé par une
introduction plutôt dynamique se déroulant la nuit précédant la reddition
d’Escobar aux autorités, Paradise Lost a bien vite fait de
s’embourber dans un long flash-back décrivant la rencontre du héros avec la
fille du caïd et la plongée dans l’univers de ce dernier. Dès lors, le
parallèle avec Le Dernier Roi d’Ecosse est quelque peu inévitable, au
détriment du film de Di Stefano hélas. A plusieurs reprises, les films ont des
points communs significatifs dans leur structure, sans pour autant que Paradise
Lost puisse jouir d’un récit aussi efficacement mené que celui du film
de Kevin McDonald. Ici les personnages sont unilatéraux et ne provoquent ni
empathie, admiration ou peur, et le point de vue extérieur (le gendre
d’Escobar, donc) n’apporte pas grand-chose et est peu palpitant.
Pourtant, aucun doute sur
le fait que Pablo Escobar soit une figure réellement intéressante sur laquelle
se pencher, à la fois détraquée et complexe. Seulement voilà, les séquences de
vie et de développement du personnage manquent : tout est montré de
manière très partielle à tel point que finalement, la caractérisation d’Escobar,
et plus généralement de tous les autres antagonistes, repose sur des notions
très basiques et profondément manichéennes. Curieusement, le film passe sous silence des
évènements de la vie du baron de la drogue qui auraient tout à fait pu servir
les enjeux dramatiques. La plongée dans la terreur de l’univers devient
somme-toute relative et donc gangrénée par le manque d’ambition dans le
traitement des personnages.
Bien entendu, il faut admettre tout de même que Benicio Del Toro porte plutôt
efficacement le personnage d’Escobar, investi comme à l’accoutumée, bien que
malheureusement le film n’en profite pas tant que cela. D’une certaine manière,
on repense également au diptyque Che de Steven Soderbergh, résultat
en demi-teinte où la présence de Del Toro dans le rôle-titre relevait le niveau
à chaque apparition. Dans le cas présent, le revers de la médaille, c’est que
plus rien n’existe à côté, encore moins le bien peu charismatique Josh
Hutcherson, au personnage plat et insipide, loin de la fougue que possédait
James McAvoy dans Le Dernier Roi d’Ecosse, pour continuer la comparaison.
Avec de tels boulets au pied, difficile pour Paradise Lost de
réellement décoller, bien que certaines séquences finissent par fonctionner,
voire même être réussies. Il en va d’ailleurs de même pour la mise en scène du
film, mêlant parfois au dynamisme une sobriété plus que bienvenue qui fait
mouche. Hélas, lesdites réussites se voient toujours nuancées par un détail ou
un autre, une lourdeur dans la structure narrative ou dans la réalisation,
perdant sa légèreté dans ses moments mélodramatiques au pathos forcé à coups de
longues focales sur les visages et de musique quelque peu larmoyante. On trouve d'ailleurs ici un point de déception conséquent, la partition musicale échouant pourtant à d’extrêmement talentueux Max Richter.
Au fur et à mesure de l’avancement
du film, on sait de moins en moins quoi ressentir, alors que l’on est hélas
gagné par l’ennui. L’aventure est finalement peu entraînante. Rien n’est
profondément raté ou détestable (sauf peut-être l’ultime séquence, faute de
goût et de subtilité impressionnante), mais tout est d’un générique
relativement désappointant et le film s’oublie sitôt vu. Bien dommage, car à
nouveau, le personnage et le potentiel sont bien là, mais ne peuvent être
pleinement exploités si l’on manque d’audace, en étant trop sage et
politiquement correct.
Fiche Cinelounge
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