jeudi 29 janvier 2015

[Avis en vrac] Films visionnés fin 2014


AU CINÉMA


A Most Violent Year, de J.C. Chandor (2014)

Exploit réitéré pour le prodige J.C. Chandor, qui après All is Lost, livre à nouveau un grand film avec A Most Violent Year. Avec l'élégance d'un James Gray, le dernier film de Chandor pourrait s'apparenter à une relecture alternative de L'Impasse de Brian De Palma : l'histoire d'un homme implacablement aspiré vers le bas, mais qui veut maintenir la tête en dehors de l'eau. D'ailleurs, curieusement, Oscar Isaac (incroyable, d'ailleurs, mon interprétation de l'année) ressemble comme deux gouttes d'eau à Al Pacino. A travers cette noirceur de rêve américain brisé, on reste hypnotisé par cet univers à la laideur intrigante, sentiment renforcé par l'incroyable partition d'Alex Ebert, qui taille un contraste unique avec la grande beauté de l'imparfait mais sincère protagoniste que l'on suit. Dans le top de l'année.

Fiche Cinelounge

Whiplash, de Damien Chazelle (2014)

Malgré l'avalanche d'avis dithyrambiques, je me suis un peu désintéressé de ce Whiplash. Exercice de style certes extrêmement maîtrisé de part en part dans la réalisation et surtout le montage, le film de Chazelle n'arrive pas à façonner des personnages ou une histoire pouvant gagner mon intérêt, se contentant d'enfoncer des portes ouvertes avec un manque de subtilité parfois déconcertant, voire certains clichés hollywoodiens dont on aurait bien voulu être épargné dans ce film indépendant. Évidemment, ça ne rend pas le film désagréable pour autant, il compte nombre de qualités formelles en plus d'une atmosphère musicale bien attrayante, mais j'aurais voulu me sentir davantage dedans, ressentir une histoire qui touche davantage au vrai, et malheureusement ça n'est pas avec un J.K. Simmons en totale roue libre que l'on va dans ce sens.



White God, de Kornél Mundruczó (2014)

Intéressant mélange entre le fabuleux White Dog de Samuel Fuller et le cultissime La Planète des Singes de Schaffner, White God se distingue avant tout par l'ambition assez incroyable de sa production. Derrière l'intrigue du film, orbitant tantôt autour de la jeune hongroise que l'on suit (à l'interprétation géniale par ailleurs) ou tantôt autour de son chien malmené, se cache une volonté de multiplier les genres pour un résultat dont l'audace remporte l'adhésion, malgré les maladresses. Car si le premier acte est un drame intime, le second est un survival effréné et le troisième devient presque un film de guerre. Peut-être trop ambitieux, le film finit éventuellement par ne plus savoir comment se conclure, mais on reste assez abasourdi par l'univers dément et maitrisé que nous impose ce film hongrois.


Timbuktu, d'Abderrahmane Sissako (2014)

Témoignage d'une beauté simple sur l'effondrement d'une culture paisible et ancestrale au profit d'un extrémisme religieux, Timbuktu a l'intelligence de ne pas sombrer dans la vulgaire dénonciation. Refusant la description d'un univers manichéen, Sissako met avant tout en scène l'absurdité de la situation, et la bêtise si humaine qui transparait chez certains personnages. Quelques séquences d'une grâce inouïe et presque inattendue (la partie de football ou la scène de ballet imaginaire) renforcent d'autant plus l'identité du film et la volonté du réalisateur de décrire le quotidien d'hommes que l'on a envie d'aimer, mais qui, confrontés à un monde qui les dépasse et les entraîne dans une spirale de violence, vont à leur perte. Mention spéciale à la photographie, notamment dans le désert. Certains cadres, presque picturaux, convoquent un orientalisme romantique que n'aurait pas renié David Lean.

Fiche Cinelounge


Le Temps des Aveux, de Régis Wargnier (2014)

L'aventure proposée par le passionné Régis Wargnier est sur le papier tentante. Malheureusement, avec Le Temps des Aveux, le réalisateur d'Indochine accouche d'un film plutôt plat et impersonnel, alors qu'il filme d'une part un contexte intéressant mais aussi une histoire qui se prête à du beau cinéma. Politiquement trop sage, le film finit par montrer bien peu de choses, ne s'engage pas vraiment et retranscrit platement des faits. La fameuse empathie avec le tortionnaire cambodgien est relative dans la mesure où on ne le voit jamais véritablement exercer, à part une unique fois en hors-champ. De belles images et un voyage parfois agréable, mais bougrement trop sage.

Fiche Cinelounge


Monsieur Klein, de Joseph Losey (1976)

Ressortie en salles.

Étrange film que ce Monsieur Klein de Joseph Losey. Bien que situé dans un contexte précis (l'Occupation), on croirait l'ambiance de ce film en dehors du temps, sentiment renforcé par l'absence d'action ou d'évènements particuliers, concrets. L'enquête poursuivie par le personnage de Delon (qui brise l'image de ses autres films) nous entraîne dans les méandres d'un homme complexe et torturé, jusqu'à un final autant terrifiant qu’énigmatique. Tout est si curieux dans ce film que l'on finit presque par s'ennuyer, entre ces ambiances lourdes et ces acteurs qui jouent constamment (mais volontairement) à côté, en distanciant plus que jamais le spectateur. Il faut que ça décante, et c'est sûrement à revoir.

Fiche Cinelounge


EN VIDÉO


L'Emprise, de Sidney J. Furie (1982)

Eh oui, ça n'est pas parce que l'on a fait Superman IV que l'on ne peut pas faire un bon film ! L'Emprise se démarque dès le départ par des choix audacieux dans la mise en scène qui rendent son ambiance terriblement inquiétante. S'affranchissant de toute subtilité (et tant mieux) Furie filme une violence fantomatique ahurissante. Accroché à notre siège, on se sent agressé comme la protagoniste que l'on suit. D'autant plus qu'à l'instar de L'Exorciste, le film met en parallèle le drame familial qui y est lié. Car si l'horreur est une chose, la lire dans les yeux de son prochain est encore pire. Dommage que le final paraisse bâclé et facile, seule ombre au sein d'un film qui gagnerait à être davantage connu.

Fiche Cinelounge


Astérix chez les Bretons, de Pino van Lamsweerde (1986)

Revisionnage.

Drôlissime comme jamais, Astérix chez les Bretons commence très fort avec cette scène improbable de débarquement romain. Immédiatement, on sent la multiplications des intentions dans la mise en scène pour proposer un vrai film audacieux et inventif. Comme toujours dans les films de la saga, les bruitages sont des trouvailles géniales. C'est sans compter la finesse de l'écriture et des dialogues, délicieux de bout en bout, entre blagues potaches et subtils jeux de mot, mis en valeurs grâce à un casting vocal soigné. Un des meilleurs films de la saga animée.

Fiche Cinelounge


Astérix et le Coup du Menhir, de Philippe Grimond (1989)

Revisionnage.

Rien d'étonnant à ce qu'Astérix et le Coup du Menhir m'ait laissé longtemps dubitatif étant plus jeune. Car malgré la grande beauté formelle du film (c'est le plus beau de la saga, rien que le premier plan donne le ton), il faut quand même être capable d'encaisser les bad trips terrifiants de Panoramix, évidemment géniaux avec un regard neuf, mais traumatisants lorsque l'on est petit. Le ton est particulier et tranche net avec les autres opus, ici à la fois bien plus sombre, mais aussi plus poétique comme le décrit la fin. Imparfait, volontairement plus lent et moins drôle, c'est tout de même une parenthèse agréable.

Fiche Cinelounge


Astérix et la Surprise de César, de Gaetan Brizzi et Paul Brizzi (1985)

Revisionnage.

Premier volet de la nouvelle saga produite alors par Gaumont, Astérix et la Surprise de César offre le classique dépaysement que l'on affectionne tant dans les aventures du petit Gaulois. Sans être forcément le plus intelligent, il reste drôle et surtout diablement rythmé, avec cette course de chars finale comme impressionnant climax. Sans doute très basique, mais relativement efficace et aux pointes d'humour parfois hilarantes (l'entraînement chez les légionnaires n'y est pas étranger) à savourer sans modération.

Fiche Cinelounge


Luke la main froide, de Stuart Rosenberg (1967)

Film carcéral plus habile qu'il n'y paraît, Luke la main froide déconstruit les stéréotypes du genre à la fois sur les relations entre détenus, mais aussi vis-à-vis du centre et de ses gardiens. La violence du système s'échappe doucement du sadisme ancré dans le réel qu'on retrouve ailleurs, ici plus mystique, symbolique. On retient ce singulier personnage du garde-chiourmes aux lunettes opaques, sans aucun doute repris dans O'Brother des frères Coen. Comme bien des films du Nouvel Hollywood, c'est une belle ode à la liberté, absurde et naïve, conférant à Newman encore une fois un rôle d'exception.




Lettre d'une inconnue, de Max Ophüls (1948)

Des années que je devais m'attaquer à Ophüls et c'est désormais chose faite. Autant dire de suite que le réalisateur franco-allemand ne trahit pas sa réputation dans ce beau mélodrame au casting de choix. En adaptant Zweig, Ophüls bénéficie d'une base solide qu'il met somptueusement en valeur évidemment grâce à ses deux interprètes principaux, Joan Fontaine et Louis Jourdan. Surtout ce dernier d'ailleurs, au charisme ténébreux et irrésistible. L'ambiance figée et en dehors du temps du début du XXème siècle apporte la touche finale à cette belle tragédie.



Les Dix Commandements, de Cecil B. DeMille (1956)

Revisionnage.

Évidemment, la sortie d'Exodus : Gods and Kings était l'opportunité idéale pour revoir le classique de DeMille. Déjà un auto-remake à l'époque, Les Dix Commandements a sûrement marqué les esprits depuis comme le film incarnant l'essence du péplum biblique : démesuré, flamboyant et impressionnant. Encore et toujours, cette fresque épique passe comme une lettre à la poste, et de tableaux en tableaux à travers chaque cadre on jouit d'un spectacle visuel hors-du-commun, aux interprètes principaux éternels.



Princess Bride, de Rob Reiner (1987)

Revisionnage.

On parle peu souvent de Rob Reiner et pourtant le bougre a tout de même une filmographie assez agréable, en plus de nous avoir gratifié d'une performance drôlissime dans Le Loup de Wall Street. Princess Bride s'inscrit totalement dans le registre du revival des films de fantasy des années 80, tout en le pastichant avec joie. Malgré un rythme parfois un peu boiteux, on se laisse tout de même volontiers prendre, à chaque fois, par cette aventure aux traits d'humour toujours bien vus. Et puis ce duel à l'épée au bord de la falaise, on ne voit pas cela tous les jours !



Spider-man 3, de Sam Raimi (2007)

Revisionnage.

Ça n'est point un scoop que ce Spider-man 3 souffre d'une douloureuse réputation. Renié par son auteur, Sam Raimi, et boudé par le public, le troisième volet des aventures de Peter Parker demeure pourtant un blockbuster généreux, parfois finement écrit et roulant encore sur 90% de ce qui peut se produire dans le genre de nos jours. La première heure est littéralement parfaite, dans la lignée du chef-d’œuvre Spider-man 2, laissant ensuite la place à quelques errances scénaristiques qui ne sont par ailleurs pas du fait de Sam Raimi. Le problème reste finalement plutôt simple : l'introduction du personnage de Venom. En dehors, et outre la faible partition de Christopher Young (succédant au départ de Danny Elfman) le film reste remarquable sur plus d'un point, en témoigne ce final démesuré et la fin du personnage de Sandman (qui jouit auparavant d'une séquence ahurissante de virtuosité lors de sa création), proposant quelque chose que l'on a peut-être plus vu dans un blockbuster depuis. A ré-évaluer impérativement !



La Bête de Guerre, de Kevin Reynolds (1988)

Qui aurait cru Kevin Reynolds capable d'un tel film ? Plus de vingt-cinq ans avant Fury, La Bête de Guerre place un blindé au centre de son récit, dans un film de guerre total et sans concessions. Après une première scène d'assaut à la violence terrible et inattendue (il faut quand même voir un pauvre type mis à mort en se faisant progressivement rouler dessus par un char), le film se mute presque en western infernal dans les steppes désertiques d'Afghanistan. L'ambiance, presque inédite dans un film du genre, est savamment relevée par les incursions de la partitions magnétique de Mark Isham. Vraiment impressionnant, à nouveau Kevin Reynolds semble avoir bouffé du lion.



Hook, ou la revanche du capitaine Crochet, de Steven Spielberg (1991)

Revisionnage.

Hook m'avait toujours laissé extrêmement dubitatif ; j'en conservais le souvenir d'un Spielberg puéril, toc et sans intérêt particulier. Qu'étais-je dans l'erreur (pour changer) ! Dès le départ le film développe une grande maturité dans la création de ces personnages, avec Robin Williams au travers duquel se projette évidemment Spielberg lui-même : profondément simple, mais d'une grande beauté car raconté avec honnêteté. Par la suite, la découverte de l'univers est marquée par un talent hors-norme dans la direction artistique, comme toujours mis en valeur par la virtuosité de l'auteur. La conclusion reste plus faible, moins virtuose que le reste, mais qu'importe, le plaisir, sincère, est là. C'est sans compter la joie de savourer un Dustin Hoffman se lâchant totalement, et bien entendu un Robin Williams, touchant et juste, qui nous manque.


Zulu, de Jérôme Salle (2013)

Après la franchement douteuse (pour ne pas dire mauvaise) saga Largo Winch, Jérôme Salle convoite sa rédemption grâce au très maitrisé Zulu. Thriller punchy mais écrit avec justesse, le film a l'avantage d'un cadre remarquablement bien retranscrit qui fait sans doute toute la différence. Le rythme est impeccable et porté par une forme qui témoigne d'un certain talent émanant du metteur en scène. C'est aussi l'occasion de découvrir un Orlando Bloom bien différent de ce qu'on lui connaît, bien dirigé aux côtés de Whitaker. Dommage que la toute fin soit un brin convenue, mais Zulu demeure une bonne petite valeur sûre du genre.



Le Génie du Mal, de Richard Fleischer (1958)

Je suis bien rarement déçu avec Richard Fleischer et ça n'est pas avec Le Génie du Mal (quelle traduction idiote, franchement...) que je le serai. Le côté "crime parfait commis par deux ados" m'a fait de loin penser au moyen Calculs Meurtriers de Barbet Schroeder. On se rend tout de même compte ici de la qualité largement supérieure de l'écriture, et de l'audace finalement très moderne du film. Efficace et concis, le film de Fleischer aborde implicitement un mal qui naît aux États-Unis, sans trop en dire, sans trop en faire. Cerise sur le gâteau : la présence d'Orson Welles au casting. Point besoin d'en dire plus.




Le Fantôme de Cat Dancing, de Richard C. Sarafian (1973)

Si le précédent western de Sarafian que j'avais vu, Le Convoi Sauvage, m'avait marqué par son originalité, Le Fantôme de Cat Dancing m'a tout de même franchement laissé dubitatif et surtout marqué par un certain ennui. Le problème est qu'à aucun moment je n'ai vraiment compris où voulait en venir ce scénario qui tourne terriblement en rond, et dont les personnages sont plutôt fades. On reconnaît la patte du réalisateur et l'esprit de l'époque, ce qui confère tout de même au film un certain charme, mais à part cela il m'a été difficile de m'y intéresser davantage. J'en retiens surtout une belle affiche et un beau titre.



L'Enfer est à lui, de Raoul Walsh (1949)

Avec un duo Raoul Walsh / James Cagney, je pense que tout est d'ores et déjà dit. L'Enfer est à lui est encore l'un de ces films de gangsters remarquables, apportant ici la particularité d'un Cagney vieillit et usé, à la hargne encore plus indéfectible. Bien que le schéma d'escalade de la violence paraisse classique, on est toujours surpris et entraîné par la maitrise totale du film et sa modernité. Le final, littéralement explosif, apparaît comme un point d'orgue dans la carrière de Walsh : l'une des séquences les plus folles qu'il ait jamais tourné, offrant encore une fois à Cagney des images et répliques mémorables. Majeur pour tous les amateurs du genre.



Le Bal des Vampires, de Roman Polanski (1967)

Revisionnage.

Le Bal des Vampires, c'est quelque part une synthèse de tout ce que j'affectionne (pour ne pas dire j'adore) chez Roman Polanski : une passion pour les univers fantastiques, la mythologie, l'humour graveleux et des pulsions érotiques. A la fois totalement décalé mais pas complètement non plus, le film de Polanski ne s'inscrit dans aucun registre particulier et devient presque ovniesque, témoin de la singularité de son auteur. Il faut y accrocher, car c'est particulier, mais pour peu que l'on aime, on succombe totalement à cette ambiance, d'autant plus relevée par la patte de grand metteur en scène de Roman Polanski.



Bandidos, de Massimo Dallamano (1967)

Décidément, même avec les plus petits films du western spaghetti, nous ne sommes pas à l'abri d'une bonne surprise ! Avec son histoire de transmission et de vengeance pourtant vue quarante-cinq mille fois, Bandidos prouve une fois de plus l'efficacité du genre, qui va continuellement droit au but tout en faisant régulièrement parler la poudre. Il y a toujours certaines idées de mise en scène qui viennent rajouter quelque chose et permettent de différencier un film de l'autre (ici, par exemple, un travelling rigolo où la caméra suit un verre qui glisse le long du comptoir), tout en profitant de ce casting de gueules aux punchlines comme il faut. Rien d'original, mais bien savourable cela dit !



King Kong, de Peter Jackson (2005)

Revisionnage en version longue.

Bien qu'adorant l'original de 1933 signé Schoedsack et Cooper, j'ai toujours eu une certaine admiration pour la relecture de King Kong offerte par Peter Jackson. Tout en maintenant le ferme désir de garder l'esprit original (contrairement au volet des années 70 un peu raté de Guillermin), Jackson s'approprie totalement l'histoire et livre un périple hors-du-commun. Prenant le temps de développer son univers sur les plus de trois heures de film (savamment rythmées néanmoins), Jackson renforce l'atmosphère fantastique qui confère au film un caractère unique et inimitable, où sur cette île improbable, tout peut arriver. Détail intéressant par ailleurs, j'ai remarqué que la gradation des rencontres et affrontements sur Skull Island trouvait son écho avec les mêmes évènements vécus par Kong à New York ! Bien joué, Peter ! On pardonnera presque une Naomi Watts qu'il ne dirige pas et qui semble totalement absente de son personnage, jouant automatiquement des séquences où elle n'est pas impliquée. 

mardi 6 janvier 2015

Top 2014, retour sur l'année et attentes

Quelque part entre la fin d'année et le début de la nouvelle a lieu une période que nous chérissons tous : l'élaboration des tops. L'occasion de partager ses découvertes, défendre ses coups de cœur ou encore constater le mauvais goût des autres à propos de film que l'on pensait (espérait) avoir oublié. Top 5, 10, 15, 20, 56, on a de tout. Parce que 10 c'est trop frustrant, petit retour sur mon top 20, à venir prochainement également sur le site Filmosphere, aux côtés de mes nouveaux collègues rédacteurs.


Difficile de ne pas se dire que 2014 est une année finalement coincée entre la richesse de 2013 et l’orgie que risque d’être (pour le meilleur et pour le pire) 2015. Néanmoins, et malgré quelques périodes bien creuses, un certain nombre de films ont quand même retenu mon attention, grâce à la sortie de derniers-nés d’auteurs importants (Scott, Fincher, les Dardenne, Allen…), de nouveaux talents à suivre ou qui se confirment (Chandor, Cailley…), ainsi que quelques bonnes surprises inattendues (évidemment La Grande Aventure LEGO, mais aussi Edge of Tomorrow d’un Doug Liman étonnement efficace). La fin d’année pointant le bout de son nez, on se retrouve donc avec de quoi faire. On regrettera tout de même un cinéma français passablement léthargique cette année, qui a peiné à produire du neuf de manière homogène. Plus que jamais, la production française semble s’enfermer dans le cinéma télévisuel à destination d’un public franco-français. Cette année, malgré la présence des Combattants dans mon top, je n’ai pas eu mon Quai d’Orsay, je n’ai pas eu ma Vénus à la Fourrure… Reste tout de même dans l'animation, la perle rare qu'est Minuscule : La Vallée des fourmis perdues. Et mon film (de fiction) favori en langue française n’est autre qu’une coproduction avant tout belge. Reste à espérer un revirement en 2015, mais les plus gros succès nationaux de cette année ne vont pas aider la tendance en question.



Avant d'entamer les hostilités, mention spéciale : j'en profite mettre en avant le fabuleux Visitors de Godfrey Reggio (critique), diffusé lors de l’Étrange Festival, qui malheureusement ne peut pas jouir d’une place dans ce top, n’ayant pas bénéficié d’une réelle sortie en salles. Faute de mieux, j’invite tout de même à la découverte, le blu-ray étant disponible chez nos voisins mangeurs de gelé à la menthe.

Et maintenant, place au top ! L'intégralité des films sortis sur le territoire français, que j'ai vu cette année, peut être trouvée ici. A noter qu'il y a quelques absents que je dois rattraper, comme le Only Lovers Left Alive, les deux films de Cavalier, Nymphomaniac, Les Contes de la Princesse Kaguya et encore d'autres... (mais pas Mommy, je vous vois venir !)


1) Exodus : Gods and Kings, de Ridley Scott
La fresque biblique profondément intime de Ridley Scott consacre l’auteur non seulement comme résurrecteur du genre, mais aussi unique détenteur des clés de sa modernité. Critique.




 
2) The Grand Budapest Hotel, de Wes Anderson
Cadeau en forme de cerise qui orne le sommet d’un délicieux gâteau coloré, le dernier Anderson est peut-être à la fois un de ses plus justes et plus ambitieux, un beau film d’un amoureux des artifices du cinéma. Critique.






3) Le Sel de la Terre, Juliano Ribeiro Salgado et Wim Wenders
Une telle invitation au périple en compagnie de Wenders et Salgado ne se refuse pas. Les regards conjoints du cinéaste et du photographe permettent de voir, à travers la terre et les hommes, des fragments de vie d’une beauté rare. 

  


4) Gone Girl, de David Fincher
Héritant subtilement du thriller selon Otto Preminger, quelque part entre Laura et Bunny Lake a disparu, David Fincher surprend encore en amenant le genre sur un terrain à l’acidité et au cynisme exquis. Critique.




5) A Most Violent Year, de J.C. Chandor
Chandor était déjà présent (et haut placé) dans mon top de l’an passé grâce à All is Lost. Exploit renouvelé avec son dernier film, ode subtile à la croyance dans les idéaux sur fond de noirceur du rêve américain héritée du Nouvel Hollywood. 



 
6) Boyhood, de Richard Linklater
L’air de rien, Richard Linklater lâche un gros morceau de cinéma américain. Regard persistant et passionné d’un auteur sur son pays, Boyhood peut presque de se savourer comme une relecture moderne des films de l’Americana.




7) Jersey Boys, de Clint Eastwood
Il ne pouvait en être autrement pour le film testamentaire de « l’homme de Malpaso », un de mes auteurs américains fétiches. Avec une immense tendresse, Eastwood retrace, à travers le récit des Four Seasons, l’histoire de sa propre vie, entre réussites, échecs, amis et mentors. Critique.



8) The Homesman, de Tommy Lee Jones
Du réalisateur du splendide Trois Enterrements, on ne pouvait attendre mieux. Tommy Lee Jones continue de s’affirmer et offre non pas un western savoureux à cause de la rareté du genre, mais un film qui y a bel et bien gagné sa place. Un vrai de vrai.



9) X-Men : Days of Future Past, de Bryan Singer
Singer (r)apporte un peu de cinéma à un genre semblant en manque, l’overdose n’étant plus très loin. Généreux et surtout intelligent, le dernier volet des aventures des mutants apparaît comme une nouvelle référence.




10) Winter Sleep, Nuri Bilge Ceylan
La Palme d’Or de la Croisette n’a pas été volée. Ce voyage dans les terres fantastiques de la province turque, sur fond d’adaptation de Tchekhov, ne laisse pas indifférent, notamment grâce à des personnages somptueusement bien écrits pour habiter les trois heures du métrage.



11) La Grande Aventure LEGO, de Phil Lord et Chris Miller
Pari osé mais réussi pour les réalisateurs de l’inattendu mais aussi brillant 21 Jump Street. Ils transforment un projet apparemment commercial en une débauche d’idées cinématographiques, dotée d’un fond subtil et touchant dans la lignée de Small Soldiers et Toy Story. Critique.


12) How I Live Now, de Kevin McDonald
Mêlant post-apocalyptique et teen-movie, le dernier film de Kevin McDonald prouve que son réalisateur, décidément éclectique mais toujours passionné dans ses sujets, est à suivre d’encore plus près.





13) Deux jours, une nuit, de Jean-Pierre et Luc Dardenne
Le bouleversant combat social mené par les Dardenne, avec une rigueur cinématographique toujours hors-du-commun, pousse Cotillard à son meilleur en développant une histoire écrite avec justesse et simplicité, à l’issue d’une beauté incroyable.



14) La Vie Rêvée de Walter Mitty, de Ben Stiller
La maturité atteinte par Ben Stiller dans son dernier film détonne et lui permet d’offrir un des films majeurs de cette année. Avec une réflexion sur un médium qui se métamorphose, Stiller, à l’instar d’Anderson, déclare son amour à l’image et au cinéma. 



15) Her, de Spike Jonze
Le singulier Jonze offre avec son dernier métrage une dystopie finalement subtile, loin des canons lourdingues dont souffre trop souvent le genre. Film beau et malgré tout bienveillant, on y regrettera simplement la présence (vocale) de la trop vulgaire Scarlett Johansson.



 

16) Enemy, de Denis Villeneuve
Le canadien Denis Villeneuve sort enfin ce projet qu’il avait mis en stand-by pour s’occuper de Prisoners. Au programme : un tour de manège totalement envoûtant dans un film qui n’invite non pas le spectateur à réfléchir, mais à se perdre (non sans plaisir d’ailleurs) dans les limbes de cet univers.


17) The Rover, de David Michôd
L’héritage de Mad Max mêlé à une profonde volonté d’anti-spectaculaire engendre l’un des films les plus hypnotiques de cette année. En minimalisant les enjeux du scénario, Michôd développe des personnages fantastiques et un univers juste. Une fois de plus, Robert Pattinson se confirme dans la nouvelle (et géniale) tournure de sa carrière. Vivement le Herzog.

18) Dragons 2, de Dean Deblois
Ayant raté le premier volet et donc pris le train en marche avec le second, je ne peux être qu’épaté par la maitrise de l’ensemble, un film d’animation virtuose, finement écrit et formellement hallucinant (la présence de Roger Deakins en consultant visuel n'est pas anodine). Mention spéciale pour la démente partition opératique de John Powell.



19) Les Combattants, de Thomas Cailley
Il me tenait à cœur de mettre en avant le premier long de Thomas Cailley. Fulgurance d’audace bienvenue, à l’heure où cette caractéristique font trop souvent défaut à notre production nationale, Les Combattants se savoure comme une vraie surprise.




20) Transformers : L’Âge de l’Extinction, de Michael Bay
Hop, twist ! Blague à part, le dernier-né de l’auteur hollywoodien le plus explosif a comblé mes attentes. Bénéficiant des expérimentations tentées sur Pain & Gain, Michael Bay se lâche d’autant plus ici, offrant à boire et à manger, pour le meilleur et pour le pire, mais avec une sincère générosité qui ne peut pas me laisser indifférent.



 
Reste, pour conclure, le traditionnel paragraphe sur les attentes de 2015. Outre l'avalanche de blockbusters que l'on va subir, notamment dans le genre super-héroïque, cette année verra également le retour de nombre d'auteurs aux commandes de films qui font déjà saliver. "Quelques" attentes dans le désordre :

Mad Max : Fury Road, de George Miller, American Sniper, de Clint Eastwood, Blackhat, de Michael Mann, Silence, de Martin Scorsese, In the Heart of the Sea, de Ron Howard, Midnight Special, de Jeff Nichols, Foxcatcher, de Bennett Miller, Tomorrowland, de Brad Bird, The Crossing, de John Woo, Spectre, de Sam Mendes , Inherent Vice, de Paul Thomas Anderson, Knight of Cup, de Terrence Malick, The Martian, de Ridley Scott , The Hateful Eight, de Quentin Tarantino, Birdman, d'Alejandro González Inárritu , The Ferryman, de Wong Kar Wai, Jupiter Ascending, d'Andy & Lana Wachowsky, D., de Roman Polanski, Pan, de Joe Wright, Il est difficile d'être un Dieu, d'Alexei Guerman, St. James Place, de Steven Spielberg et The Other Side of the Wind d'Orson Welles (oui oui !).

Sans oublier un élégant début d'année avec Queen and Country de John Boorman (critique sur Filmopshere)

En espérant que le reste de l'année soit orgiaque !