Bande de filles, de Céline Sciamma (2014)
Après tout le bien entendu sur Tomboy que j'ai hélas raté (séance de rattrapage en vue) j'ai découvert avec plaisir Céline Sciamma dans Bande de filles. Dès ses premières images, le film m'a percuté et a réussi à me séduire pour que j'intègre l'univers des personnages. L'écriture a l'intelligence de faire face aux murailles que se dressent les personnages par rapport à la société, ou même par rapport à leur propre entourage, ces fameuses barrières sociales (et raciales ?). Et ce qui est très beau c'est que le film ne cherche pas des sentiments artificiels basés sur une image truquée. Dans un premier temps on épargne finalement assez peu de choses au spectateur, qui sera peut-être lui-même pris par l'envie de juger (jugement effacé derrière la caméra de Sciamma qui filme des moments de leur quotidien, bons comme mauvais ou discutables) avant que la réelle tendresse des personnages ne lui soit exposée.
Du coup toute la première partie du film est remarquablement fluide et belle, ainsi de suite dans le développement des personnages jusqu'à un dernier acte qui m'a laissé davantage dubitatif. C'est peut-être là où je suis sensiblement déçu par le film de Sciamma qui m'a quelque peu perdu dans le cheminement psychologique finale de l'héroïne, jusqu'à une fin que je trouve hélas un peu facile, si ce n'est même convenue. Il n'empêche un beau film, finement réalisé et écrit, loin des clichés et horreurs qu'on lui attribue trop souvent. Mention spéciale pour les très chouettes scènes en musique.
Du coup toute la première partie du film est remarquablement fluide et belle, ainsi de suite dans le développement des personnages jusqu'à un dernier acte qui m'a laissé davantage dubitatif. C'est peut-être là où je suis sensiblement déçu par le film de Sciamma qui m'a quelque peu perdu dans le cheminement psychologique finale de l'héroïne, jusqu'à une fin que je trouve hélas un peu facile, si ce n'est même convenue. Il n'empêche un beau film, finement réalisé et écrit, loin des clichés et horreurs qu'on lui attribue trop souvent. Mention spéciale pour les très chouettes scènes en musique.
John Wick, de David Leitch et Chad Stahelski (2014)
Ultime film de Michael Curtiz, Les Comancheros ne déroge pas à la règle de son auteur et est une fois de plus un western d'aventures bougrement entrainant. Alors évidemment, c'est du western qui brille, avec des couleurs flashy qui jaillissent de la chemise rouge de John Wayne, c'est du western bien rétrograde sur la condition des Indiens (j'avoue que sur ce point-là, le discours m'a laissé plutôt sceptique, surtout pour un film de 61) et c'est du western pas forcément subtil. Cela dit, il n'empêche qu'on passe un joyeux moment dans une histoire savamment emmenée.
Michael Curtiz a le chic pour faire croiser aux héros dans ses films d'authentiques figures, des seconds rôles souvent précieux et apportant pas mal à l'atmosphère. Évidemment, on repense au caverneux Lee Marvin, mais également à un autre personnage assez intrigant, le chef des comancheros interprété par Nehemiah Persoff : ce n'est pas banal de voir, dans un western, un chef de bande en chaise roulante. Toujours le genre de petit détail qui fait toute la différence ! En sus on retrouve les qualités habituelles de Curtiz, c'est-à-dire une mise en scène impeccable, d'autant plus sublimée ici par un cinémascope redoutablement bien maitrisé, bien plus que John Ford d'ailleurs.
Ultime film qui se savoure avec plaisir, donc. Au passage, les fans d'Indiana Jones seront aux anges : l'arrivée de John Wayne est une influence explicite, jusqu'à même la musique l'accompagnant. Génial à voir !
En revanche, peut-être quelque chose m'a échappé, mais ça m'étonne un peu qu'un western se déroulant en 1843 utilise des armes aussi modernes que cela, notamment les Winchesters...
Fiche Cinelounge
Stalingrad, de Joseph Vilsmaier (1993)
Un choc. Et je ne m'y attendais pas. Cela dit, le fait que ce soit les mêmes producteurs que Das Boot ne m'a finalement pas tant étonné que cela. C'est un film terrifiant, étourdissant, profondément plombant. Je n'en suis pas ressorti indemne. Et à contrario du film de Wolfgang Petersen, ici, dans le froid de Stalingrad, la camaraderie ne compense même plus les horreurs dont on est témoin.
Les scènes de bataille sont retranscrites d'une manière extrêmement dure et viscérale, et rarement l'horreur vécu par les soldats n'aura été aussi bien captée (surtout la bataille dans la neige contre les blindés soviétiques, c'est terrifiant). C'est aussi un film qui a un point de vue extrêmement juste, finement écrit dans son rapport au front Russe. Évidemment il hérite beaucoup de Croix de Fer, mais il reste une production comme j'en ai rarement vue, un film de guerre comme on en fait plus depuis longtemps en Europe.
Difficile d'en parler sans se lancer dans une grande critique complète (à l'occasion, peut-être), mais c'est définitivement à voir. En tout cas, ça m'a brisé. C'est fort.
Pour info, le film semble être dans le domaine public et est disponible ici sur archive.org.
Fiche Cinelounge
Un actioner jouissif et assumé comme on en voit malheureusement plus trop. Porté par une pur tradition du genre, un héritage de série B des années 80 comme on les aime, John Wick ne cède finalement pas aux sirènes des modes actuelles concernant l'action. Enjeux simples, pas d’esbroufe scénaristique et action filmée de manière fluide et lisible sont les maîtres-mots. Évidemment, c'est dans cette dernière caractéristique que le film exploite toutes ses qualités, les deux réalisateurs, venant eux-même du milieu de la cascade, ayant parfaitement compris comment filmer l'action, pour un résultat qui fait quasiment figure de modeste modèle du genre dans certaines séquences, notamment la boîte de nuit.
Devant la caméra, un Keanu Reeves charismatique qui fait plaisir à voir, s'éclatant dans le rôle (il est au passage également producteur) et dans lequel on peut même entre-apercevoir un petit côté auto-biographique, Reeves ayant-lui même perdu sa femme il y a une dizaine d'années. L'univers du film est quelque part assez soigné, avec cette confrérie curieuse mais rigolote de tueurs, ça ne tombe pas dans le piège de l'overdose de sérieux... ou d'idiotie. Dommage que le duel final soit un peu décevant, mais peut-être est-ce de la gourmandise, car après tout, Keanu Reeves tue quand même déjà beaucoup de gens dans ce film.
Au passage, c'est un peu le film de la rédemption pour Jonathan Sela, le directeur de la photographie, qui avait pourtant fait l'une des pires photographies possibles sur Die Hard 5. Tu es pardonné, mon fils !
Devant la caméra, un Keanu Reeves charismatique qui fait plaisir à voir, s'éclatant dans le rôle (il est au passage également producteur) et dans lequel on peut même entre-apercevoir un petit côté auto-biographique, Reeves ayant-lui même perdu sa femme il y a une dizaine d'années. L'univers du film est quelque part assez soigné, avec cette confrérie curieuse mais rigolote de tueurs, ça ne tombe pas dans le piège de l'overdose de sérieux... ou d'idiotie. Dommage que le duel final soit un peu décevant, mais peut-être est-ce de la gourmandise, car après tout, Keanu Reeves tue quand même déjà beaucoup de gens dans ce film.
Au passage, c'est un peu le film de la rédemption pour Jonathan Sela, le directeur de la photographie, qui avait pourtant fait l'une des pires photographies possibles sur Die Hard 5. Tu es pardonné, mon fils !
EN VIDÉO
Le Sauvage, de Jean-Paul Rappeneau (1976)
Il devient presque incroyable de se dire qu'il y a une quarantaine d'années, la comédie d'aventures ne se résumait pas à Kad Merad parcourant le monde. Joyaux d'une fraicheur inégalable mais malheureusement un peu oublié, Le Sauvage refait peau-neuve grâce à une restauration numérique qui était bien nécessaire.Une heure quarante de dépaysement sur un ton bon-enfant à l'entrain si typique du cinéma français des années 60/70, cela ne se refuse pas. L'efficacité du duo Montand/Deneuve est totale, l'alchimie fonctionne à merveille.
D'ailleurs la fameuse alchimie ne se fait pas qu'entre les acteurs, mais à un niveau beaucoup plus général, tout fusionne dans le film, des images magnifiques captées par Rappeneau à la musique comme toujours remarquable de Michel Legrand. Le film propose des pans de comédie, d'aventure (dont une géniale poursuite) et bien entendu de romance, mais à nouveau tout converge vers le sentiment de beau qui s'en dégage, manifesté par le sourire non-stop du spectateur. Que du bonheur, merci Rappeneau.
Fiche Cinelounge
Le Hobbit : La Désolation de Smaug, de Peter Jackson (2013 - version longue)
Revisionnage.
J'ai beau avoir adoré le premier volet du Hobbit (que je trouve d'ailleurs être peut-être meilleur que ce qui a été fait sur le Seigneur des Anneaux, du moins ça me parle davantage), je ne savais trop quoi penser de la Desolation de Smaug lorsque je l'ai vu l'an passé. La sortie de la version longue (avec des ajouts relativement substantiels, 25 minutes rien que ça) offre la perspective d'un regard nouveau, peu de temps avant la sortie du chapitre de conclusion.
Au niveau des ajouts, il y a à boire et à manger, et certains sont placés sous le signe d'une grosse lourdeur. Le film met du temps à démarrer, passé un flashback qui a été malheureusement alourdi, et c'est vraiment là qu'on se rend compte que tout l'intérêt du film débute dans la forêt de Mirkwood, séquence qui pour le coup marche réellement bien, beaucoup mieux que dans mes souvenirs. Cela dit, c'est aussi là où un problème de taille se pose en parallèle: les mésaventures de Gandalf face au fameux Nécromancien sont encore plus lourdingues qu'avant, la faute à un montage vraiment calamiteux qui tue le rythme mais aussi une action pas franchement palpitante trouvant sa conclusion dans un face-à-face raté.
C'est dommage, parce que le film étale des qualités remarquables et séquences qui marchent vraiment bien, jusqu'au final avec Smaug que j'ai trouvé à nouveau bien plus convaincant et réussi que dans mes souvenirs. Reste ce final franchement douteux qui laisse un goût amer. Globalement, avec du recul, mon avis n'a pas tant que cela changé, le film reste correct, j'apprécie davantage les qualités mais vois peut-être encore plus ses défauts, des séquences hors-sujet ou trop lourdes aux quelques fautes de goût qui sont parfois inexplicables. Dommage, à nouveau.
Pour une critique plus en détails, celle que j'avais rédigée lors de la sortie du film se trouve ici.
Fiche Cinelounge
Un Michael Mann qu'on oublie bien trop souvent dans sa carrière moderne, et pourtant il s'agit-là d'un des sommets du thriller paranoïaque, dans la grande lignée de ceux des années 70. Sans aucun doute l'un des meilleurs films de son auteur, The Insider est le plus maitrisé et finement écrit, à l'ambiance discrète mais pourtant omniprésente, et à la direction d'acteurs encore une fois terrassante.
Encore une fois, on renoue avec cette ambiance pesante et magnétique, d'autant plus travaillée par la précision étouffante dans le découpage du metteur en scène. De son statut de cinéaste post-moderne, Michael Mann a beau être dans une logique de mise en scène très "sur le vif", chaque cadre répond à une pensée précise et contrôlée, comme certains grands formalistes d'Hollywood classique qui se lâchaient dans le symbolisme de leurs plans. Ici, les conversations sont une fois de plus filmées comme des duels de western, avec des rapports de force changeants. Immense film.
D'ailleurs, de manière plus générale, quel autre réalisateur peut rendre aussi cinématographique une conversation par fax ? C'est dire !
Fiche Cinelounge
Revisionnage.
Que dire ? Que rajouter ? Je l'ignore. Tout est encore d'une modernité détonante dans le film de Roman Polanski, avec une intelligence, une sobriété et une subtilité (ou non-subtilité parfois !) qui devrait davantage servir de modèle aux productions actuelles du genre qui se contentent trop souvent d'agresser le spectateur. Une fois de plus, Polanski a compris que l'immense force de l'horreur réside avant tout dans la création d'un drame intime, donc l'existence de vrais et beaux personnages.
On y distingue également un vrai plaisir de metteur en scène, car chaque plan regorge de notions symboliques, fidèles aux obsessions de son auteur, parvenant à ancrer le surréalisme de l'histoire dans l'univers contemporain façon Nouvel Hollywood du film. Les présences de Mia Farrow et John Cassavetes apportent d'ailleurs une réelle énergie au genre, une nouvelle jeunesse qui permet à Rosemary's Baby d'être encore davantage moderne. De plus, à la manière du hélas assez sous-estimé La Neuvième porte, c'est toujours extrêmement plaisant de voir un auteur obsessionnel aller au bout de son idée, ne pas renoncer en plein chemin et retourner la nature du film, comme d'autres réalisateurs l'auraient fait.
Chef-d’œuvre intemporel et matriciel (le mot est lâché, une fois de plus !), à voir et à revoir. D'ailleurs j'ai moi-même envie de revoir toute la fameuse trilogie des appartements de l'ami Roman.
Fiche Cinelounge
Revisionnage.
Comment passer à côté de l'opportunité de voir Sacré Graal au cinéma ? Je ne pouvais décemment pas. C'est chose faite. Et c'est surtout l'occasion de constater une énième fois tout le génie du film qui ne s'appauvrit pas à force de revisionnages, bien au contraire même. Le potentiel comique des vannes, celles plus subtiles comme les bien grasses (mais surtout les bien grasses) parait infini et transgénérationnel.
Rien n'est un hasard cela dit et derrière la caméra, les loufoques Anglais ont bien compris qu'une bonne comédie se devait également d'être traitée de manière réellement ambitieuse et cinématographique, même lorsqu'on a pas ou peu de budget. A l'heure des comédies sur-budgetisées et tournées comme des sitcoms, revoir une fois de temps en temps le modèle qu'est Sacré Graal fait du bien. Même sur le plan de l'écriture, tout est d'un millimétrage ahurissant, le rire n'est pas gratuit, il alimente des blagues en cascades construites avec une grande habileté et savamment réparties, garantissant un rythme impeccable et nous faisant à chaque fois trépigner d'impatience de savourer une fois de plus ces vannes que l'on connaît déjà par cœur.
De toute façon, c'est hilarant, difficile de mieux résumer l'expérience.
Fiche Cinelounge
Un western-survival totalement atypique, bien que toutefois extrêmement représentatif des lubies et de l'originalité des années 70 dans le cinéma américain et de son fameux Nouvel Hollywood. Pas étonnant de retrouver derrière la caméra l'auteur de Vanishing Point, qui était déjà lui-même une ode à la liberté. Une fois de plus c'est un film qui est assez extrême dans son dispositif : il faut se dire qu'un bon tiers du film est constitué par l'agonie du personnage principal (Richard Harris, fabuleux d'ailleurs) au sol, après avoir été grièvement blessé par un ours. Le personnage se construit en résonance avec des flashback plutôt judicieusement amenés, en parallèle de la construction d'un "man versus wild".
Pour mettre en place cette sorte de fable sur l'homme et la nature, où la symbolique y est évidemment très forte, tout est très réduit, rien ne sombre dans le faste, tout doit aller droit au but. Certaines images fortes sont vraiment singulières (c'est quand même curieux de voir un navire traverser les terres forestières de l'Ouest) et l'atmosphère à la limite du surréalisme confère une belle identité au film, renforcé par la géniale et inattendue présente de John Huston devant la caméra. Encore une fois, c'est fou à quel point les westerns peuvent offrir plein de choses différentes !
Fiche Cinelounge
Welcome to the Punch, Eran Creevy (2014)
Un gentil thriller plutôt efficace produit par Ridley Scott. Sur le plan formel c'est un film vraiment bien maitrisé, avec une réalisation fine et lisible, où d'ailleurs on sent que le réalisateur a bien révisé ses leçons héritées du cinéma Hong-Kongais. C'est sans aucun doute cela qui porte le film tout le long, et rattrape un scénario con comme la Lune.
Car c'est peut-être là où c'est bien dommage : avoir une écriture aussi bête pour une réalisation aussi soignée. Alors dans l'ensemble, le rythme est certes bon, pas le temps de s'ennuyer entre les péripéties, mais rien n'est vraiment appliqué : les personnages sont transparents et l'histoire peu intéressante. Malgré tout, certaines scènes sont remarquablement efficaces, fruits d'un réalisateur qui maitrise diablement bien sa caméra, et finalement on passe un moment agréable.
Il devient presque incroyable de se dire qu'il y a une quarantaine d'années, la comédie d'aventures ne se résumait pas à Kad Merad parcourant le monde. Joyaux d'une fraicheur inégalable mais malheureusement un peu oublié, Le Sauvage refait peau-neuve grâce à une restauration numérique qui était bien nécessaire.Une heure quarante de dépaysement sur un ton bon-enfant à l'entrain si typique du cinéma français des années 60/70, cela ne se refuse pas. L'efficacité du duo Montand/Deneuve est totale, l'alchimie fonctionne à merveille.
D'ailleurs la fameuse alchimie ne se fait pas qu'entre les acteurs, mais à un niveau beaucoup plus général, tout fusionne dans le film, des images magnifiques captées par Rappeneau à la musique comme toujours remarquable de Michel Legrand. Le film propose des pans de comédie, d'aventure (dont une géniale poursuite) et bien entendu de romance, mais à nouveau tout converge vers le sentiment de beau qui s'en dégage, manifesté par le sourire non-stop du spectateur. Que du bonheur, merci Rappeneau.
Fiche Cinelounge
Le Hobbit : La Désolation de Smaug, de Peter Jackson (2013 - version longue)
Revisionnage.
J'ai beau avoir adoré le premier volet du Hobbit (que je trouve d'ailleurs être peut-être meilleur que ce qui a été fait sur le Seigneur des Anneaux, du moins ça me parle davantage), je ne savais trop quoi penser de la Desolation de Smaug lorsque je l'ai vu l'an passé. La sortie de la version longue (avec des ajouts relativement substantiels, 25 minutes rien que ça) offre la perspective d'un regard nouveau, peu de temps avant la sortie du chapitre de conclusion.
Au niveau des ajouts, il y a à boire et à manger, et certains sont placés sous le signe d'une grosse lourdeur. Le film met du temps à démarrer, passé un flashback qui a été malheureusement alourdi, et c'est vraiment là qu'on se rend compte que tout l'intérêt du film débute dans la forêt de Mirkwood, séquence qui pour le coup marche réellement bien, beaucoup mieux que dans mes souvenirs. Cela dit, c'est aussi là où un problème de taille se pose en parallèle: les mésaventures de Gandalf face au fameux Nécromancien sont encore plus lourdingues qu'avant, la faute à un montage vraiment calamiteux qui tue le rythme mais aussi une action pas franchement palpitante trouvant sa conclusion dans un face-à-face raté.
C'est dommage, parce que le film étale des qualités remarquables et séquences qui marchent vraiment bien, jusqu'au final avec Smaug que j'ai trouvé à nouveau bien plus convaincant et réussi que dans mes souvenirs. Reste ce final franchement douteux qui laisse un goût amer. Globalement, avec du recul, mon avis n'a pas tant que cela changé, le film reste correct, j'apprécie davantage les qualités mais vois peut-être encore plus ses défauts, des séquences hors-sujet ou trop lourdes aux quelques fautes de goût qui sont parfois inexplicables. Dommage, à nouveau.
Pour une critique plus en détails, celle que j'avais rédigée lors de la sortie du film se trouve ici.
Fiche Cinelounge
Revisionnage.
Un Michael Mann qu'on oublie bien trop souvent dans sa carrière moderne, et pourtant il s'agit-là d'un des sommets du thriller paranoïaque, dans la grande lignée de ceux des années 70. Sans aucun doute l'un des meilleurs films de son auteur, The Insider est le plus maitrisé et finement écrit, à l'ambiance discrète mais pourtant omniprésente, et à la direction d'acteurs encore une fois terrassante.
Encore une fois, on renoue avec cette ambiance pesante et magnétique, d'autant plus travaillée par la précision étouffante dans le découpage du metteur en scène. De son statut de cinéaste post-moderne, Michael Mann a beau être dans une logique de mise en scène très "sur le vif", chaque cadre répond à une pensée précise et contrôlée, comme certains grands formalistes d'Hollywood classique qui se lâchaient dans le symbolisme de leurs plans. Ici, les conversations sont une fois de plus filmées comme des duels de western, avec des rapports de force changeants. Immense film.
D'ailleurs, de manière plus générale, quel autre réalisateur peut rendre aussi cinématographique une conversation par fax ? C'est dire !
Fiche Cinelounge
Rosemary's Baby, de Roman Polanski (1968)
Revisionnage.
Que dire ? Que rajouter ? Je l'ignore. Tout est encore d'une modernité détonante dans le film de Roman Polanski, avec une intelligence, une sobriété et une subtilité (ou non-subtilité parfois !) qui devrait davantage servir de modèle aux productions actuelles du genre qui se contentent trop souvent d'agresser le spectateur. Une fois de plus, Polanski a compris que l'immense force de l'horreur réside avant tout dans la création d'un drame intime, donc l'existence de vrais et beaux personnages.
On y distingue également un vrai plaisir de metteur en scène, car chaque plan regorge de notions symboliques, fidèles aux obsessions de son auteur, parvenant à ancrer le surréalisme de l'histoire dans l'univers contemporain façon Nouvel Hollywood du film. Les présences de Mia Farrow et John Cassavetes apportent d'ailleurs une réelle énergie au genre, une nouvelle jeunesse qui permet à Rosemary's Baby d'être encore davantage moderne. De plus, à la manière du hélas assez sous-estimé La Neuvième porte, c'est toujours extrêmement plaisant de voir un auteur obsessionnel aller au bout de son idée, ne pas renoncer en plein chemin et retourner la nature du film, comme d'autres réalisateurs l'auraient fait.
Chef-d’œuvre intemporel et matriciel (le mot est lâché, une fois de plus !), à voir et à revoir. D'ailleurs j'ai moi-même envie de revoir toute la fameuse trilogie des appartements de l'ami Roman.
Fiche Cinelounge
Revisionnage.
Comment passer à côté de l'opportunité de voir Sacré Graal au cinéma ? Je ne pouvais décemment pas. C'est chose faite. Et c'est surtout l'occasion de constater une énième fois tout le génie du film qui ne s'appauvrit pas à force de revisionnages, bien au contraire même. Le potentiel comique des vannes, celles plus subtiles comme les bien grasses (mais surtout les bien grasses) parait infini et transgénérationnel.
Rien n'est un hasard cela dit et derrière la caméra, les loufoques Anglais ont bien compris qu'une bonne comédie se devait également d'être traitée de manière réellement ambitieuse et cinématographique, même lorsqu'on a pas ou peu de budget. A l'heure des comédies sur-budgetisées et tournées comme des sitcoms, revoir une fois de temps en temps le modèle qu'est Sacré Graal fait du bien. Même sur le plan de l'écriture, tout est d'un millimétrage ahurissant, le rire n'est pas gratuit, il alimente des blagues en cascades construites avec une grande habileté et savamment réparties, garantissant un rythme impeccable et nous faisant à chaque fois trépigner d'impatience de savourer une fois de plus ces vannes que l'on connaît déjà par cœur.
De toute façon, c'est hilarant, difficile de mieux résumer l'expérience.
Fiche Cinelounge
Le Convoi Sauvage, de Richard C. Sarafian (1975)
Un western-survival totalement atypique, bien que toutefois extrêmement représentatif des lubies et de l'originalité des années 70 dans le cinéma américain et de son fameux Nouvel Hollywood. Pas étonnant de retrouver derrière la caméra l'auteur de Vanishing Point, qui était déjà lui-même une ode à la liberté. Une fois de plus c'est un film qui est assez extrême dans son dispositif : il faut se dire qu'un bon tiers du film est constitué par l'agonie du personnage principal (Richard Harris, fabuleux d'ailleurs) au sol, après avoir été grièvement blessé par un ours. Le personnage se construit en résonance avec des flashback plutôt judicieusement amenés, en parallèle de la construction d'un "man versus wild".
Pour mettre en place cette sorte de fable sur l'homme et la nature, où la symbolique y est évidemment très forte, tout est très réduit, rien ne sombre dans le faste, tout doit aller droit au but. Certaines images fortes sont vraiment singulières (c'est quand même curieux de voir un navire traverser les terres forestières de l'Ouest) et l'atmosphère à la limite du surréalisme confère une belle identité au film, renforcé par la géniale et inattendue présente de John Huston devant la caméra. Encore une fois, c'est fou à quel point les westerns peuvent offrir plein de choses différentes !
Fiche Cinelounge
Welcome to the Punch, Eran Creevy (2014)
Un gentil thriller plutôt efficace produit par Ridley Scott. Sur le plan formel c'est un film vraiment bien maitrisé, avec une réalisation fine et lisible, où d'ailleurs on sent que le réalisateur a bien révisé ses leçons héritées du cinéma Hong-Kongais. C'est sans aucun doute cela qui porte le film tout le long, et rattrape un scénario con comme la Lune.
Car c'est peut-être là où c'est bien dommage : avoir une écriture aussi bête pour une réalisation aussi soignée. Alors dans l'ensemble, le rythme est certes bon, pas le temps de s'ennuyer entre les péripéties, mais rien n'est vraiment appliqué : les personnages sont transparents et l'histoire peu intéressante. Malgré tout, certaines scènes sont remarquablement efficaces, fruits d'un réalisateur qui maitrise diablement bien sa caméra, et finalement on passe un moment agréable.
Les Comancheros, de Michael Curtiz (1961)
Ultime film de Michael Curtiz, Les Comancheros ne déroge pas à la règle de son auteur et est une fois de plus un western d'aventures bougrement entrainant. Alors évidemment, c'est du western qui brille, avec des couleurs flashy qui jaillissent de la chemise rouge de John Wayne, c'est du western bien rétrograde sur la condition des Indiens (j'avoue que sur ce point-là, le discours m'a laissé plutôt sceptique, surtout pour un film de 61) et c'est du western pas forcément subtil. Cela dit, il n'empêche qu'on passe un joyeux moment dans une histoire savamment emmenée.
Michael Curtiz a le chic pour faire croiser aux héros dans ses films d'authentiques figures, des seconds rôles souvent précieux et apportant pas mal à l'atmosphère. Évidemment, on repense au caverneux Lee Marvin, mais également à un autre personnage assez intrigant, le chef des comancheros interprété par Nehemiah Persoff : ce n'est pas banal de voir, dans un western, un chef de bande en chaise roulante. Toujours le genre de petit détail qui fait toute la différence ! En sus on retrouve les qualités habituelles de Curtiz, c'est-à-dire une mise en scène impeccable, d'autant plus sublimée ici par un cinémascope redoutablement bien maitrisé, bien plus que John Ford d'ailleurs.
Ultime film qui se savoure avec plaisir, donc. Au passage, les fans d'Indiana Jones seront aux anges : l'arrivée de John Wayne est une influence explicite, jusqu'à même la musique l'accompagnant. Génial à voir !
En revanche, peut-être quelque chose m'a échappé, mais ça m'étonne un peu qu'un western se déroulant en 1843 utilise des armes aussi modernes que cela, notamment les Winchesters...
Fiche Cinelounge
Stalingrad, de Joseph Vilsmaier (1993)
Un choc. Et je ne m'y attendais pas. Cela dit, le fait que ce soit les mêmes producteurs que Das Boot ne m'a finalement pas tant étonné que cela. C'est un film terrifiant, étourdissant, profondément plombant. Je n'en suis pas ressorti indemne. Et à contrario du film de Wolfgang Petersen, ici, dans le froid de Stalingrad, la camaraderie ne compense même plus les horreurs dont on est témoin.
Les scènes de bataille sont retranscrites d'une manière extrêmement dure et viscérale, et rarement l'horreur vécu par les soldats n'aura été aussi bien captée (surtout la bataille dans la neige contre les blindés soviétiques, c'est terrifiant). C'est aussi un film qui a un point de vue extrêmement juste, finement écrit dans son rapport au front Russe. Évidemment il hérite beaucoup de Croix de Fer, mais il reste une production comme j'en ai rarement vue, un film de guerre comme on en fait plus depuis longtemps en Europe.
Difficile d'en parler sans se lancer dans une grande critique complète (à l'occasion, peut-être), mais c'est définitivement à voir. En tout cas, ça m'a brisé. C'est fort.
Pour info, le film semble être dans le domaine public et est disponible ici sur archive.org.
Fiche Cinelounge
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire