mardi 19 janvier 2016

[Avis en vrac] Vus et revus en 2015 #9


Mia Madre, de Nanni Moretti (2015)

A cause de mon colossal retard dans mes avis, les prochains articles du blog seront encore consacrés aux films vus en 2015...


AU CINÉMA - ACTUALITES


Mia Madre, de Nanni Moretti (2015)

C'est bien dommage que le si beau dernier film de Nanni Moretti soit reparti bredouille de Cannes. Un peu rude au lancement, dans cette double intrigue (familiale et professionnelle) qui démarre doucement, Mia Madre, une fois devenue une réelle balade intime, est superbe. La dualité des univers se chevauche intelligemment, de l'inaptitude à confronter les problèmes de la cellule familiale face à celle de confronter ceux du monde social dans un film de fiction. Plus en recul que dans Habemus Papam, Moretti (se réservant toutefois un somptueux rôle d'adjuvant familial) sublime surtout Margherita Buy, qui aurait largement pu être lauréate du Prix d'interprétation féminine. Tant pis, mais elle l'est dans mon cœur. D'ailleurs, même au bord d'un cabotinage exacerbé, il fait du bien de revoir John Turturro de la sorte, épanoui et libre. Le dernier segment aurait pu être une autoroute lacrymale, mais sa beauté est transcendée par un certain sens de la pudeur, et surtout, de l'optimisme. Je ne vais pas non plus mentir : j'avais néanmoins les yeux fort humides au terme de l'ultime réplique. Mais où est le problème devant un cinéma si joli ?



Au-delà des montagnes, de Jia Zhang-ke (2015)

La Chine s’est réveillée, le monde tremble, comme autrefois prophétisé. On le sait tous, on le vit au quotidien. Néanmoins, dans quelles circonstances l’immense dragon de l’empire du milieu s’est fait une place de choix dans le monde contemporain ? En s’interrogeant sur la fuite d’un esprit culturel par la dissolution des cellules familiales et amicales en un triptyque temporel, Au-delà des montagnes tisse non seulement un drame d’une extrême justesse, mais plus important encore, un film majeur sur l’évolution de ce pays qui nous inquiète autant qu’il nous fascine.

A lire sur Filmosphere.com :
http://www.filmosphere.com/movies/au-dela-des-montagnes-jia-zhang-ke-2015 

Fiche Cinelounge


Au cœur de l'Océan, de Ron Howard (2015)

Si j'attendais Au cœur de l'Océan comme une réussite exemplaire, outre son épique sujet, c'est bien parce que Ron Howard s'était retrouvé une certaine jeunesse survitaminée dans le remarquable Rush. Mais quelque chose ne prend pas complètement, le film est intéressant mais inachevé, imparfait, très chimérique. Peut-être la faute à un scénario parfois trop superficiel, trop didactique (avec ce récit encadrant un peu lourdingue) mais paradoxalement pas dénué d'intelligence. Peut-être, aussi, la faute à un montage qui semble avoir significativement coupé le film. Reste en parallèle ce nouveau talent de Howard, devenu cinéaste organique et sensoriel, lui qui fait désormais respirer ses décors et ses ambiances avec de géniaux gros plans, lui qui va placer sa caméra dans des endroits inédits avec l'aide renouvelée d'Anthony Dod Mantle à la photographie. Plastiquement, le film est à plus d'une reprise ébouriffant, affichant nettement ses références picturales, mêlées à une judicieuse évolution dans le ton des couleurs, si l'on fait abstraction de quelques effets ou incrustations plus discutables. Je regrette néanmoins la bouillie musicale que sert Roque Baños, jurant totalement avec les efforts constatés sur le visuel. Chris Hemsworth, quant à lui, sans qu'il ne soit particulièrement remarquable, se confirme encore comme acteur de qualité en devenir. Bien que me laissant quelque peu mitigé sur certains aspects, bien déçu sur d'autres, il ne faut pas croire, le dernier Howard demeure tout de même un film de qualité. Peut-être une director's cut ?

Fiche Cinelounge


Daddy's Home, de Sean Anders (2015)

Comme quoi, le génie seul du duo Mark Wahlberg / Will Ferrell ne suffit pas, il faut véritablement les auteurs derrière. Adam McKay absent de la réalisation ou de l'écriture de Daddy's home (il demeure producteur), on se retrouve avec une comédie largement plus formatée et moins inventive. Les archétypes campés par les acteurs sont du coup répétitifs et n'offrent jamais les diverses surprises que pouvait proposer Very Bad Cops. Bien entendu, leur inébranlable enthousiasme génèrera un minimum de situations réellement comiques, d'effets qui fonctionnent de temps à autres, mais c'est bien dommage que la réalisation, plate au possible, n'en tire jamais parti, voire même parvienne à nuire dans son rythme tout mollasson. Le vulgaire habituellement si génial de leur humour devient parfois un peu lourd, contrastant d'autant plus avec la fin la plus convenue qui soit. Il en reste peut-être un petit plaisir coupable si l'on est client du duo, mais on est certainement bien loin d'un sommet.

Fiche Cinelounge


Brooklyn, de John Crowley (2016)

Petite production indépendante et fort académique sur l'exil d'une Irlandaise dans l'Amérique des années 50, Brooklyn n'a pas grand chose à raconter. Terriblement lisse, à la fois dans sa description gentillette de l'Irlande comme celle de l'Amérique, idéalisée au possible, le film se mue progressivement en romance tout aussi classique, qui va avoir bien entendu un élément perturbateur bien prévisible aussi. Le film manque profondément de l'ampleur du réel, la faute aux personnages mais aussi à la fadeur de la réalisation. C'est un film qui a une pénurie de vie. Un film trop propre. Saoirse Ronan fait le job sans que le rôle en exige davantage, mais au sortir de la salle, bien peu de choses à retenir, et un œuvre déjà partiellement oubliée, par manque d'âme, par manque d'audace, par manque d'originalité.

Fiche Cinelounge


Docteur Frankenstein, de Paul McGuigan (2015)

Les adaptations fantastico-horrifiques sont décidément revisitées les unes après les autres. Après Dracula Untold, voici Docteur Frankenstein, énième version des mésaventures créationnistes du personnage de Mary Shelley. Ceci dit, il faut d'emblée reconnaître au film un vague effort dans son postulat de départ : la voix-off nous dit qu'on connaît l'histoire, la créature, les éclairs... et on nous promet alors autre chose. Tant mieux ! Le contexte de départ n'est pas inintéressant, dans cet univers de cirque qui laisse entrevoir un vrai travail de production design. Malheureusement, passés ce cap et la rencontre entre Frankenstein (James McAvoy en roue libre) et le Igor (Daniel Radcliffe voulant bien faire) en devenir, le film n'a plus grand chose à proposer et malgré quelques bonnes idées, devient tantôt un capharnaüm visuel, tantôt l'adaptation la plus plate et classique qui soit. A un moment, l'éventualité d'une relation crypto-gay (potentiellement très intéressante, compte-tenu des enjeux intimes de l'histoire originale) entre Frankenstein et Igor semble suggérée, avant d'être écartée. Quant au reste, hormis le fameux travail sur la direction artistique, le film est plutôt fade voire laid, notamment dans ses effets de style qui ne manquent pas de rappeler le Guy Ritchie des grands jours (ou mauvais, c'est selon). Pire, même, l'écriture (pourtant de Max Landis, fils de John Landis) mélange un peu tout en nommant la créature Prométhée, ce qui laisse suggérer soit une incompréhension du roman, soit une méconnaissance du mythe... Ou plus vraisemblablement, les deux. Bref, autant se repasser les James Whale ou le Kenneth Branagh.

Fiche Cinelounge


AU CINÉMA - RESSORTIES


Taxi Driver, de Martin Scorsese (1976)

Revisionnage.

Anecdote étonnante : en me préparant à écrire ces lignes, j'étais persuadé d'avoir revu le film en salle il y a quelques mois, alors qu'en vérité c'était il y a plus d'un an. C'est dire l'empreinte forte et durable que laisse Taxi Driver à chaque visionnage, comme un frisson dont on ne se défait pas, presque un trauma, en somme. En espérant que ce ne soit pas non plus celui qui hante Travis Bickle... C'est presque un Scorsese que l'on a envie de se repasser en boucle (comme bien des Scorsese en fin de compte) pour s'attarder à chaque fois sur un détail, une intention, une note que l'on avait pas saisie auparavant. Enfin, vu la précision hitchcockienne du film, ça n'est peut-être pas étonnant de se dire que certains réalisateurs se sont armé d'un crayon et d'un cahier pour refaire, plan par plan, le découpage du film. Définitivement, on s'y perd, on est engloutit par cette cité délabrée, vomitive, maladive, et au charme malsain que la caméra du réalisateur new-yorkais vient capturer à chaque photogramme. Et si, évidemment, Taxi Driver c'est aussi Bernard Hermann, Paul Schrader, Saul Bass, Robert DeNiro et tant d'autres... c'est surtout cette manière de filmer Jodie Foster, incroyable, que l'on ne pourrait probablement pu se permettre aujourd'hui.

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EN VIDÉO


Duel au Soleil, de King Vidor (1946)

En voilà, du gros film hollywoodien ! Reprenant la recette de la superproduction Autant en emporte le vent (et pour cause, Selznick est aussi derrière), Duel au Soleil mêle d'autant plus la mythologie au western, avec ici un ton qui n'est sûrement pas sans rappeler les péplum les plus conservateurs. Film naïf, voire même niais et peut-être rétrograde, mais surtout fable morale épique comme rarement, dans son déploiement de savoir-faire technique, dans les images et ce sens du récit bigger than life. Certes, Jennifer Jones joue mal, certes Gregory Peck est (plus ou moins délibérément) insupportable, mais tout de même, on a bien envie de se laisser emporter malgré les défauts, d'autant plus que la fin n'est pas si convenue que cela. La réalisation de King Vidor (entre autres) entasse des moments de bravoure, comme cet incroyable travelling qui confronte l'armée américaine à la garnison de mercenaires de Lionel Barrymore. Pas le film le plus fin, donc, parfois trop pompeux, parfois même ennuyeux, mais tout de même un spectacle étourdissant qu'il est difficile de platement ignorer.

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Le Dernier jour de la colère, de Tonino Valerii (1967)

Comme beaucoup, je connais Tonino Valerii essentiellement pour sa collaboration avec Sergio Leone sur le chef-d’œuvre Mon nom est personne. Préalablement, avec Le Dernier jour de la colère (co-scénarisé lui aussi par Leone), il s'affirme surtout tout autant comme un auteur passionnant du spaghetti. En remodulant, par le ton toujours très iconoclaste du western italien, la relation entre disciple en mentor, Valerii exploite l'originalité de son film. Le héros, Giuliano Gemma, n'est finalement que le porte-flingue du bad-guy, le magnétique Lee Van Cleef. Jusqu'au-boutiste, fidèle à l'audace du genre, superbement bien tourné, âpre et violent comme on l'aime, le film de Valerii ne manque probablement pas d'être un incontournable pour les amateurs. Et puis, ce générique qui voit la musique d'Ennio Morricone rythmée par des coups de feu, évidemment, c'est le genre de truc que l'ami Tarantino s'est passé en boucle dans son club de VHS (et pour cause, la musique est reprise dans Django Unchained).

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Stalingrad, de Jean-Jacques Annaud (2001)

Revisionnage.

Après avoir découvert la bouleversante version de Joseph Vilsmaier, j'étais inquiet à l'idée de me replonger dans le Stalingrad de Jean-Jacques Annaud, plus correct, plus classique. Mais avant toute chose, les ambitions des films sont toutefois différentes, et le réalisateur français recherche essentiellement la fresque guerrière épique, dissimulée derrière une biographie hagiographique. Et de ce point de vue là, il faut avouer qu'Annaud sait y faire, car à défaut d'être le plus inventif possible, il a de l'envergure et un réel sens de la mise en scène. Évidemment, son scénario manque sans doute de subtilité, notamment chez ses protagonistes secondaires, ou encore dans la romance manquant de substance, finalement trop banale pour avoir réellement sa place dans un film qui présente de tels évènements. Mais fidèle à ses obsessions, Annaud tient son pari habituel et dépayse comme rarement, ici fort d'une incroyable direction artistique (les décors des usines en ruine, incroyables), d'une introduction démentielle ou encore d'un James Horner inspiré comme jamais.

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My Fair Lady, de George Cukor (1964)

Laborieux. Laborieux et pourtant sympathique ! Quasiment trois heures pour un scénario un brin léger, qui, s'il laisse évidemment la part belle à de grandes envolées musicale, My Fair Lady n'a peut-être pas le même souffle épique et dramatique que les (tout aussi longues) comédies musicales de Robert Wise. Ceci dit, tout le monde y cabotine avec une certaine douceur, y compris Audrey Hepburn, magnifique et toujours en quête de rôles qui lui permettront d'étoffer sa diversité. Le duo avec Rex Harrison ne marche pas toujours, mais la bonne ambiance globale tend à l'emporter, à l'image de la réalisation : inégale, mais suffisamment pétillante pour, malgré les lourdeurs, laisser un petit sourire au coin des lèvres. Et, cela va de soi, comme toute comédie musicale qui se respecte, certaines chansons arrivent à trotter dans la tête un bout de temps, comme "Wouldn't be loverly ?". Un peu déçu, certes, compte-tenu de la réputation du film de Cukor, mais il n'est pas dénué de charme pour autant.

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Strange Days, de Kathryn Bigelow (1995)

Revisionnage.

Qui a dit que James Cameron ne savait pas écrire des personnages ? Co-signant le remarquable scénario de Strange Days, il participe à une œuvre avant-gardiste de science-fiction, relativement oubliée dans le paysage du genre des années 90 car sûrement coincée entre Total Recall et Matrix. Empruntant davantage à Blade Runner (on pourrait presque croire à une adaptation de K. Dick), le film est transcendé par le travail d'ambiance opéré par sa réalisatrice, notamment avec le grand savoir-faire employé pour concevoir ces fameux plans subjectifs, toujours époustouflants. Outre l'histoire et son concept, astucieux et savamment exploités, le background du film est finalement solide dans une société pour laquelle l'an 2000 pourrait rimer avec l'apocalypse. En dépit de sa fin sûrement un peu plus convenue, c'est aussi une belle note qui quelque part prend le contrepied du film de Ridley Scott servant d'influence, et tranche d'autant plus avec les films actuels de Kathryn Bigelow, définitivement désillusionnée.

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Le Goût des autres, d'Agnès Jaoui (2000)

Un film bien surprenant. Évidemment, si j'attendais du duo Jaoui-Bacri un certain sens de l 'écriture et de l'humour, je n'imaginais pas Agnès Jaoui si à l'aise dans la réalisation. Non pas que Le Goût des autres soit nécessairement un étalon cinématographique, mais il prouve néanmoins que la comédie exige une rigueur de mise en scène qui finalement fait défaut à beaucoup de films de nos jours. La réflexion sur la valeur de la culture est d'autant plus d'actualité, quinze ans après le film. Et ne faisons pas semblant : c'est aussi le prétexte à des situations hilarantes, une en particulier avec Jean-Pierre Bacri qui aujourd'hui trouverait sûrement moyen de faire hurler les adeptes du politiquement correct qui brident le sens de la comédie. Le duo Gérard Lavin / Alain Chabat, délicatement agréable pour les zygomatiques, est une véritable cerise sur le gâteau. Bref, voilà qui m'a ravi.

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The Killer, de John Woo (1989)

Revisionnage.

Ce qui demeurera toujours fascinant, avec le cinéma de John Woo, c'est sa propension à réaliser des films aussi musclés, aussi sanglants et parfois aussi dramatiques, reposant systématiquement (ou presque) sur la beauté d'une amitié. Flic et voyou, le binôme est évidemment classique, mais Woo aura toujours su le réinventer. The Killer fait déjà office d'un premier paroxysme du genre tout en devenant une nouvelle référence de l'action. D'autant plus qu'elle n'est jamais vaine. C'est un peu ridicule à dire, mais avec l'emphase de tous ses effets de styles, avec ses personnages attachants, avec son sens exacerbé du mélodrame, Woo arrive à être un poète de l'action. Car finalement, le climax final de l'église, que ne pourrait-il être d'autre si ce n'est de la pure poésie cinégénique ? Et ultimement, qu'a-t-on retenu de plus marquant : le sang, le bruit des pistolets, la mort ? Non, les plans qui réunissent les amis. Chapeau, encore et toujours.

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Hot Fuzz, d'Edgar Wright (2007)

Revisionnage.

Pas de doute : on se bidonne toujours autant. Edgar Wright demeure un formidable auteur de la comédie, mais aussi des genres qu'il aborde, ici le film d'action. Car derrière ses airs parodiques, derrière son too much, derrière ses overdoses de kitch, il y a un film solide. Hot Fuzz est finalement le genre de parodie auquel beaucoup s'essayent sans y parvenir, se fourvoyant dans un excès d'effets de style au détriment d'autre chose (Kingsman en tête de liste), notamment du récit. Wright parvient à s'en tenir à un humour relativement britannique (à certains égards, les Monty Python ne sont jamais loin, évidemment) qui permet de le distinguer du reste. Et, comme toujours, ce montage virtuose et effréné empêche tout temps mort, alors que l'on savoure les répliques parfois bien gratinées de Simon Pegg et Nick Frost.

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Cuisine et Dépendances, de Philippe Muyl (1993)

Cette fois-ci, c'est l'inverse du Goût des autres. On retrouve Jaoui et Bacri à l'écriture (originellement une pièce de théâtre) mais Cuisine et Dépendances n'est que platement le filmage de ladite pièce de théâtre. Du coup c'est un petit huis-clos pas très ambitieux, voire même parfois un peu chiant, il faut bien le dire, par son manque d'inventivité. L'esprit d'une poignée de répliques inspirées ne suffit pas à maintenir l'intérêt du film. La réalisation est aux abonnées absentes (à part un travelling qui passe d'un immeuble à l'autre, seule figure de style notable), le film est démesurément trop théâtral dans le cabotinage qu'il impose à ses comédiens, et, comme ci cela ne suffisait pas, la musique elle-même semble aléatoire et destinée seulement à meubler le passage d'un acte à un autre. Bref, un film à voir au théâtre.

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Et... Dieu créa la femme, de Roger Vadim (1956)

Film sûrement davantage connu pour le phénomène de culte qu'il a entraîné autour de sa description des mésaventures du personnage de Brigitte Bardot plutôt que pour son ensemble, Et... Dieu créa la femme n'en reste pas moins une réelle curiosité. Il a un charme plutôt indescriptible, car à la fois terriblement daté comme relativement moderne pour un film pré-Nouvelle Vague. Roger Vadim iconise immédiatement sa star féminine, volant la vedette à un beau casting (dont Jean-Louis Trintignant et Curd Jürgens) qu'elle hypnotise tout le long. Cette femme est étrange, magnétique. Derrière ses airs de pimbêche, la mélancolie de ce personnage en quête d'émancipation que capte la caméra de Vadim (dans un très beau cinémascope en couleur, d'ailleurs) fait mouche. Une singularité presque inclassable dans le cinéma français des années 50, imparfaite, peut-être parfois un peu vide, mais tout aussi intéressante.

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Paprika, de Satoshi Kon (2006)

On m'en avait tant parlé, pour tout vous dire, que j'en redoutais le pétard mouillé. Mais l'explosion a bien eu lieu. Atomique, même. Quelle claque ! Paprika, c'est encore un de ces films qui cumulent trois idées par plan, au point de passer parfois du stade "ébouriffant" à celui "épuisant". Néanmoins, la fluidité avec laquelle on pénètre dans le récit est exemplaire, s'affranchissant finalement de tout didactisme exacerbé, et reposant à merveille sur l'illusion générée par les incroyables images que propose tout le long le film. On l'aura sans doute répété cent fois, mais la fameuse parade est une des hallucinations les plus marquantes qu'il m'ait été données de voir, au son de la complètement pétaradante partition de Susumu Hirasawa. Mais surtout, il y a une immense beauté qui se dégage des personnages, évidemment de l'attachante Paprika / Atsuko qui est le moteur de toute cette anormale aventure. Le film achevé, on a déjà envie de le relancer tout en hésitant car autant subjugué qu'épouvanté par l'univers psyché. Bref, grandiosissime.

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Charade, de Stanley Donen (1963)

Un Stanley Donen largement surprenant derrière ses airs de "comédie mais pas trop" allant lorgner vers une enquête presque hitchcockienne. Charade est un film charmant. Charmant, déjà parce qu'il y a Audrey, encore une fois géniale, pétillante, étonnante. Et puis ce Cary, beau mais vieillissant, laissant définitivement entrevoir à quel point George Clooney version poivre et sel est sa ré-incarnation. Le scénario, habile, place entre autre son action à Paris, ce qui a toujours ce charme inébranlable lorsque la ville est filmée par cette ère hollywoodienne. Encore Audrey à Paris, certes, mais c'est une ville qui lui sied tellement bien, et puis, à chaque fois, les films la ré-inventent encore un peu. En mêlant un ton léger à une tension largement plus sérieuse, Donen tient définitivement un élégant équilibre tout le long, outre la réalisation,  particulièrement grâce à un excellent travail de scénario et à ses géniaux personnages, conférant de la sorte à Walter Matthau et à James Coburn les atouts d'une grande réussite.

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Ariane, de Billy Wilder (1957)

On retrouve de nouveau Audrey à Paris. Décidément ! Sans surprise, c'est pour le meilleur, car une fois de plus, c'est un film de nouveau charmant, terriblement osé, audacieux, avec une délicate touche de vulgarité retenue qui en fait tout le charme. En malmenant l'archétype du vertueux à l'américaine qu'a souvent représenté Gary Cooper, Wilder s'amuse entre ses beaux personnages. Ariane a un dynamique souffle romantique dont la réussite tient notamment à quelque chose d'indescriptible et surtout de perdu : l'émotion, l'invisible que procure la réunion de ces deux acteurs. Globalement léger, notamment grâce au brillant personnage de Maurice Chevalier, c'est la recette parfaite d'un film qui redonne du peps, tout en proposant une de ces vraies et grandes romances hollywoodiennes. Un peu plus subversive qu'à l'accoutumée, pour le meilleur, jusqu'à cette fin sans doute un peu amorale pour les bien-pensants de l'époque, mais tant mieux !

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Quo Vadis, de Mervyn Leroy (1951)

Revisionnage.

Figure matricielle des péplums plus tardifs à la Ben-Hur, Quo Vadis est déjà gavé d'une ambition complètement démesurée. Pas de doute, on est bien dans le pur Hollywood des grands producteurs : chaque plan est une orgie visuelle et prétexte à toujours en mettre plein la vue dans un technicolor trichrome qui brille de milles feux. Ceci dit, il faut tout de même noter que l'acte d'exposition est vraiment interminable, d'autant plus que Robert Taylor, au personnage lourdeau, n'est pas Charlton Heston. En parallèle on profite de Peter Ustinov complètement en roue libre, mais il faut bien avouer que le rôle s'y prête et que l'ensemble possède un malin charme. C'est surtout le dernier acte, passionnant et largement plus épique, qui fait la valeur du film. De sa description des martyrs chrétiens à cette chute enflammée de Rome, tout est réuni : du grand péplum et du grand mélo. Les personnages s'étoffent enfin dans la conséquente tragédie qui se profile, dans le camp des héros comme celui de Néron. Ça, c'est de la fresque.

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L'Impossible monsieur Bébé, d'Howard Hawks (1938)

Œuvre typique de la screwball comedy où tout va à deux cent à l'heure, L'Impossible monsieur Bébé ne laisse donc aucun répit pour son spectateur. On est assailli par les punchlines de chacun des personnages, aux géniaux interprètes qui cabotinent délicieusement, et ces overdoses de situations invraisemblables que Howard Hawks sait rythmer comme personne. Bientôt quatre-vingt ans, et pourtant le film semble si moderne dans son dynamisme. Et malgré tout cet incessant (mais encore une fois délicieux) cabotinage entre Cary Grant et Katharine Hepburn, le charme dégagé par les personnages existe bel et bien. C'est une prouesse constante d'écriture, et pour cause, Dudley Nichols, l'un des scénaristes, signe l'année suivante La Chevauchée fantastique, au rythme tout aussi inégalé. Bref, on en sort avec des douleurs à la mâchoire à force d'avoir grassement ri devant autant de situations over the top.

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X-Men : Days of Future Past, de Bryan Singer (2014)

Revisionnage - Rogue Cut.

Si le dernier film de Bryan Singer fait office à mes yeux de réelle exception qualitative dans la vague actuelle de film de super-héros, il m'était par conséquent indispensable de découvrir ce montage alternatif "Rogue Cut" de X-Men : Days of Future Past, qui, malgré son intitulé, n'est pas seulement à destinations des excentriques fans de la mutante en question. En donnant davantage d'ampleur à ses incroyables scènes futuristes, qui ont alors d'autant plus d'emphase dramatique, ce montage alternatif affine donc significativement la grande ambition du film. Quelques passages remontés sont encore plus impressionnants dans leur jeu entre les deux trames temporelles, notamment autour de Magneto. C'est aussi l'occasion de constater de nouveau à quel point Bryan Singer maîtrise son sujet, plutôt fin cinéaste, espèce en voie de disparition à Hollywood. Car non seulement il est un grand créateur visuel, mais plus important encore, il a le sens du récit. Dommage, ceci dit, que cette version longue voit se rajouter une séquence centrale autour de Mystique, péniblement interprétée par Jennifer Lawrence, moment qui était déjà un ventre-mou dans le montage original, ici un peu plus accentué. Ceci dit, c'est bien l'unique défaut qui subsiste au milieu de toutes les qualités proposées, dans ce qui est sans doute le meilleur film du genre depuis Watchmen (et ça n'est pas tous les jours que je dis du bien de Zack Snyder).

Fiche Cinelounge


Les 3 Royaumes, de John Woo (2008)

Revisionnage - version longue.

Avec peu de doutes, la démesurée fresque historique de John Woo a largement de quoi intégrer le panthéon de l'épique au cinéma. A l'échelle constamment démesurée, Les 3 Royaumes est un ballet hors-norme, que ce soit celui de ses armées aux fers qui s'entrechoquent massivement, ou celui des héros à la chorégraphie guerrière à tomber par terre. Plus important encore : au-delà des impressionnants combats, Woo n'oublie jamais ses personnages et son histoire. Car comme il est de coutume pour l'auteur hong-kongais, et celui-là ne déroge pas à la règle, il faut avant tout que ce soit un film d'amitié. Elle unit les protagonistes comme la (/les) Chine(s) face à l'ennemi commun. Et donne surtout lieu à de très beaux moments de complicité ou de défense de valeur chevaleresques, comme cette très émouvante séquence autour du paysan volé. C'est enfin sans compter sur la très belle composition de Tarô Iwashiro, tendrement épique, et surtout, foutrement prenant pour un film qui l'est tout autant, cinq heures durant.

Fiche Cinelounge


Le Masque de Zorro, de Martin Campbell (1998)

Revisionnage.

La résurgence du film de cape et d'épée dans les années 90 a donné lieu a une vague de film au capital sympathie relativement solide malgré l'inévitable souffle kitch qui désormais les entoure. N'ayant pas revu Le Masque de Zorro depuis sa sortie en salle et son exploitation en VHS, la déception du revisionnage était potentiellement au coin. Par chance, Martin Campbell était un réalisateur qui savait déjà y faire avec l'action, ici endiablée dans les décors hispanisants qui changent un peu de ce que l'on voit habituellement, et rythmée par l'élégante musique du regretté James Horner. Alors certes, il faut endurer Antonio Banderas qui cabotine comme un fou face à Catherine Zeta-Jones qui propose le tango le plus ridicule possible, mais bon, qu'importe, c'est bon enfant et le final fort explosif relève le tout. Quelque part, c'est aussi un blockbuster un peu lambda, mais le soin dont il jouit ne laisse, aujourd'hui, plus vraiment indifférent.

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Le Cavalier du désert, de William Wyler (1940)

Je ne pouvais qu'être enthousiasmé par Le Cavalier du désert, reprenant des figures cultes de l'Ouest, le juge Roy Bean et sa Lily Langtry, que j'avais notamment adoré dans un autre western m'ayant profondément marqué, Juge et hors-la-loi. De Huston à Wyler (ou inversement, plutôt), autant dire qu'on reste dans la cour des grands. Se présentant comme un western aux traits relativement comiques, opposant le dubitatif Gary Cooper face à l'hilarant Walter Brennan, le film évolue très malignement jusqu'à un drame inattendu. Le bouffon Roy Bean, dans sa quête désespérée de sa muse et ses agissements sots, devient une figure tragique. La réalisation de Wyler prend de l'ampleur dans une séquence de grand incendie superbe. L'affrontement final est d'une beauté à couper le souffle, inimaginable au vu du début du film, et rend honneur à la grandeur des deux interprètes principaux. Une excellente découverte.

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A toute épreuve, de John Woo (1992)

Revisionnage.

A l'heure où l'on se remet encore doucement de la claque d'action imposée par George Miller, il est bon de se replonger dans celle de John Woo, plus de vingt ans auparavant. A toute épreuve peut en quelques sortes passer pour une bible du cinéma d'action, ingérant et développant tous les tenants et aboutissants du genre. C'est un film résolument éprouvant, notamment dans son dernier acte qui ne laisse aucun répit à la fois pour les personnages comme pour le spectateur. Mais quel constant chef-d’œuvre ! Le duo constitué par Chow Yun Fat et Tony Leung est merveilleux, charismatique et d'une complicité qui change toute la donne dans l'action. Outre même cette fameuse action, c'est aussi un film où John Woo est un grand créateur d'ambiance, dans ses nappes sonores sans doute un peu kitch mais terriblement prenantes ou ses décors enfumés qui ne sont pas sans rappeler le travail graphique d'un certain Ridley Scott. A revoir en boucle tant que l'on a pas encore été rendu sourd par les innombrables détonations qui martèlent l'espace sonore.

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187 : Code meurtre, de Kevin Reynolds (1997)

Comme quoi, Kevin Reynolds peut être malgré tout surprenant. Après la claque qu'il m'avait imposée grâce à La Bête de guerre, c'est assez curieux de découvrir le bonhomme avec ses gros sabots derrière ce drame social sur fond de dérive du système éducatif américain. Fort heureusement, on est bien loin de l'horrible Detachment de Tony Kaye. Sans que 187 : Code meurtre soit nécessairement plus subtil, il est d'une efficacité qui en impose. La plongée dans ce terrible quotidien est garantie par l'astucieuse et immersive mise en scène de Reynolds, qui travaille habilement le cadre, sa profondeur de champ ou le flou pour créer une atmosphère réellement anxiogène. De quoi pardonner quelques effets de montage typique de la génération MTV, mais après tout, ça n'est qu'un juste reflet de l'ère du temps. Il y a derrière un solide scénario, bien que rentre-dedans, qui confère également à Samuel L. Jackson un rôle plus ambigü qu'on ne pourrait le croire. Avec un peu de recul, il est possible de s'amuser à penser que c'est presque une revisite un peu moins optimiste de Graine de violence de Richard Brooks.

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Calmos, de Bertrand Blier (1976)

Sans aucun doute l'un des films les plus gras (dans tous les sens du terme) qu'il m'ait été donné de voir. Calmos peut éventuellement être vu comme la suite spirituelle des Valseuses, retrouvant de nouveau un duo de loosers, cette fois-ci vingt ans après, devenus blasés et désintéressés par le sexe. C'est surtout un film de Bertrand Blier en roue libre. Pour le pire et pour le meilleur. C'est-à-dire que Blier, comme ses acteurs, ne se refuse rien tout le long : ce qu'il peut faire, il le fait. Les questions ne se posent même pas. Plus ce sera insolent, plus se sera dégueulasse, plus l'objectif sera achevé. En résulte un film qui part un peu dans tous les sens, au début totalement incroyable, qui ensuite se cherche un peu dans cette histoire de (littérale) guerre des sexes, avant de se conclure dans un n'importe-quoi des plus inédits. Quand bien même c'est parfois un brin longuet, irrévérence globale fait mouche. Le vocabulaire, fleuri comme au printemps, donne à plus d'une reprise envie de saisir un carnet de notes pour mettre quelques répliques de côté. C'est peut-être très con, mais ça fait aussi du bien. Et puis ça donne faim.

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La Ballade des Dalton, de Morris, René Goscinny et Henri Gruel (1978)

Revisionnage.

Un dessin-animé dans un univers de western néanmoins mature : ça fume, ça tire et ça boit. On en fait plus des comme ça non plus. La Ballade des Dalton reprend relativement la structure des Douze travaux d'Astérix, proposant de la sorte une succession saynètes voyant le protagoniste principal accomplir sa quête. Sans que cela atteigne le génie de l'autre œuvre de Goscinny, ces aventures de Lucky Luke n'en restent pas moins sacrément drôles. Évidemment, d'un chapitre à l'autre, l'efficacité peut fluctuer, mais le film offre son lot de scènes délicieuses et intemporelles. Il n'y a guère de doutes sur le fait que Spielberg se soit passé en boucle l'hilarante scène du train des mines avant de faire Indiana Jones et le Temple Maudit. On jouit même d'un bad-trip plutôt mémorable bien qu'interminable, accumulant de manière très colorée (après tout, c'était l'époque) des références bienvenues. Tout ceci encadré par la fameuse et mélodieuse ballade, bref, c'est un beau vestige d'enfance.

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Harry Potter à l'école des sorciers, de Chris Colombus (2001)

Revisionnage - version longue.

N'ayant jamais été particulièrement concerné par l’œuvre de Rowling, j'ai néanmoins fini par me décider à entreprendre une intégrale de la saga, n'étant jamais allé plus loin que le troisième volet. Harry Potter à l'école des sorciers pose gentiment les bases de son univers merveilleux. Par chance, Chris Colombus, qui n'est sans doute pas le réalisateur du siècle, a deux points forts sur lesquels compter pour l'adaptation : son héritage spielbergien, seyant parfaitement au ton à la fois bon enfant, intime et épique des aventures des jeunes magiciens, et John Williams lui-même. Car ne nous voilons pas la face : la partition musicale tient le film à elle toute seule et permet réellement de faire vivre tout le (joli) travail sur la direction artistique. De la sorte, sans qu'il soit génialement filmé, et malgré des trucages parfois fort discutables, l'univers et ses personnages existent (à ce titre-là, le casting de seconds rôles est quand même excellent), c'est peut-être le plus important. Le dénouement de l'intrigue est certainement bien décevant, en revanche. Je pensais revoir un film très mauvais, mais finalement, ça n'est pas si mal avec du recul.

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Harry Potter et la chambre des secrets, de Chris Colombus (2002)

Revisionnage - version longue.

On prend les mêmes et ça repart. Cependant, Harry Potter et la chambre des secrets essaye tout de suite de se muer en un univers plus mature. Mais Chris Colombus n'est alors plus le réalisateur adapté, contrairement à son successeur. Le film devient davantage lourdingue sur l'entassement de son décorum, réparti sur une intrigue de quasiment trois heures (en version longue) parfois très pénibles. Les qualités du premier volet sont toujours là, mais moins à même de tenir face aux défauts plus importants, malgré une intrigue plus ambitieuse. Pour un peu plus de diversité, on assiste à un numéro de Kenneth Branagh en pleine roue libre, mais cela dit, ce serait se mentir que de refuser d'avouer le plaisir coupable. On garde toutefois le désagréable sentiment que ces deux premiers films ne font que de la mise en place, ce qui nuit sûrement à leur unité et à leur intérêt.

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Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, d'Alfonso Cuarón (2004)

Revisionnage.

Immédiatement, le passage de flambeau à un réalisateur d'un autre niveau se ressent largement. Dans Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, Alfonson Cuarón s'amuse à façonner un vrai film fantastique à part entière, à la fois plus noir, plus enjoué, plus épique et simplement plus beau. Les relations entre les personnages prennent enfin de l'épaisseur, à l'image de la trame en elle-même qui voit l'univers merveilleux s'agrandir. Le travail d'ambiance fait par le réalisateur mexicain porte totalement ses fruits ; les apparitions des détraqueurs sont bel et bien la création d'un sacré cinéaste. John Williams aussi passe la vitesse supérieure en signant la meilleure composition de la saga. En prime, une histoire de voyage dans le temps qui non seulement tient debout, mais plus encore, permet à Cuarón de jouer d'autant plus avec la virtuosité génialement rythmée de son cinéma. Deuxième et troisième cerises sur le gâteau : Gary Oldman, bien entendu, mais surtout David Thewlis, aux personnages définitivement très réussis. Seul bémol, mais personne n'y peut rien : la disparition de Richard Harris, un peu mollement remplacé par Michael Gambon. Incontestablement le film le plus intéressant de la saga, et de loin.

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Harry Potter et la Coupe de feu, de Mike Newell (2005)

Les choses corsées commencent. Car non seulement, j'entame la partie de la saga que je n'ai pas encore vue, mais plus inquiétant encore, elle n'augure rien de bon. Pour Harry Potter et la Coupe de feu, retour à un réalisateur largement plus conventionnel pour adapter ce qui aurait néanmoins pu s'avérer encore plus ambitieux que le précédent volet. Quel dommage. La maturité acquise dans l'opus de Cuarón devient un délire adolescent laborieux et d'un mauvais goût certain, à l'image de la mentalité des personnages. Les pérégrinations d'Harry pour remporter la Coupe se seraient bien prêtées à une sacrée mise en scène, hélas il faut que celle-ci soit terriblement plate et bardée d'effets peu convaincants. L'apparition finale de Voldemort, au look complètement raté et campé par un Ralph Fiennes cabotinant à l'excès, enfonce le clou. Brendan Gleeson apporte un semblant de charisme dans la débâcle, autant que Patrick Doyle à la musique, honnête pour remplacer John Williams... Une dégringolade assez colossale compte-tenu du prédécesseur.

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Harry Potter et l'Ordre du phénix, de David Yates (2007)

Pas de doutes : le navire sombre, mon capitaine. L'arrivée de David Yates, réalisateur fainéant et sans idées, au sein de la saga annihile tout le potentiel qui subsistait. Harry Potter et l'Ordre du phénix gâche systématiquement le moindre élément abordé, par un scénario complètement bâclé expédiant des enjeux qui, pour le coup, manquent de mise en place. On accole sur cela une relecture ridicule et grossière du fascisme (qui, à partir de là, deviendra la mode dans les productions pour public adolescent) avec l'espoir que cela donne un ton sombre et incertain à l'aventure. Surtout très laborieux, en fin de compte, car la parodie n'est pas loin et l'insupportable personnage d'Imelda Stauton ne donne ni envergure ni crédibilité à l'ensemble. L'histoire de confrérie secrète manque alors terriblement d'âme car le danger est rendue trop factice par le scénario. Que reste-t-il ? Sûrement pas la très mauvaise et très plate réalisation de David Yates, on en revient à lui, qui n'est là que pour remplir un cahier des charges préalablement dressé. Oubliable... et déjà oublié.

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Harry Potter et le Prince de sang-mêlé, de David Yates (2009)

Les épisodes passent et les idées s'épuisent. L'ennui explose. Harry Potter et le Prince de sang-mêlé entame la série de révélations qui vise à conclure à la saga. C'était l'opportunité de donner un nouveau regard sur les personnages, mais hélas, la mauvaise écriture globale donne surtout l'impression de retournements peu convaincants. Les romances tissées entre les différents personnages ne sonnent qu'automatiques. Severus Snape, personnage à l’ambiguïté ayant toujours été passionnante mais rarement bien exploitée, devient lui aussi le mécanisme de ces rebondissements peu probants. La réalisation de David Yates est toujours très mauvaise, plombée par une photographie peu lisible et un sens du rythme constamment médiocre. Le travail de direction artistique s'efface derrière la fadeur de sa caméra, alors que l'on a de plus en plus envie de reconsidérer le travail autrefois fait par Chris Colombus. Enfin, gros point noir pour la photographie de Bruno Delbonnel, sur-filtrée, grisaillante et désaturée, souvent de manière extrêmement disgracieuse. On commence à entrevoir l'acheminement vers la fin des aventures de Harry... et rien n'est pour rassurer.

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Harry Potter et les Reliques de la Mort : 1ère partie, de David Yates (2010)

Dernier virage, partie 1. Très légèrement pour le mieux, d'ailleurs, puisque cette première moitié de Harry Potter et les Reliques de la Mort nous emmène en dehors du château, ce qui permet d'étoffer l'univers et lui donner davantage de consistance et de réel. Ceci dit, cela ne se fait pas sans douleur, avec une scène d'action introductive qui est une catastrophe de réalisation. A plusieurs reprises on ne comprend plus ce qu'il se passe (ici, Hagrid est assommé on-ne-sait-trop comment, là, le personnage de Brendan Gleeson disparaît) sous un déluge d'effets parasitant encore davantage l'image. Il semblerait que la magie se soit fait la malle au profit d'un bête film d'action. Heureusement que les aventures d'Harry dans sa quête de destructions des artefacts de Voldemort sont un peu plus intéressantes. Film fragmentaire oblige, il n'en subsiste pas moins un certain vide final, qui rend, une fois de plus, le film trop mécanique, comme mise en place pour son final. Un volet avec sans doute plus d'avantages que les précédents, mais probablement tout aussi raté.

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Harry Potter et les Reliques de la Mort : 2ème partie, de David Yates (2011)

Tout ça pour ça ? De manière évidemment très prévisible, cette conclusion fait l'effet d'un soufflé qui s'effondre mollement. Tout ce que la deuxième partie d'Harry Potter et les Reliques de la Mort a à offrir, c'est un déluge d'action laid et vain faisant office de climax définitif. Tout ce qui précède n'aura donc été la mise en place du dénouement le plus convenu et facile possible, faisant se confronter tout le monde dans une sorte de film de guerre de magiciens. Quel désappointement. Quelle bêtise ! Le film n'est plus qu'un entassement d'effets et d'explosions d'un constant mauvais goût. Ralph Fiennes achève de rendre le personnage de Voldemort encore plus misérable et pathétique, dans un duel final aux sommets du ridicule. Et alors ? Et alors plus rien. C'est fini. L'épilogue, kitch et niais à souhaits, tente faiblement de relier ce dernier acte au commencement de la saga, en fin de compte définitivement dispensable passé le troisième volet.

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Samsara, de Ron Fricke (2011)

Revisionnage.

Le dernier film de Ron Fricke demeure définitivement une expérience cinématographique hors du commun, et probablement hors du temps. Dans sa prise de température du monde, Samsara doit impérativement être mis en parallèle avec son grand frère Baraka, tourné vingt ans plus tôt. C'est là qu'il faut constater les plans qui sont restés les mêmes d'un film à l'autre, à l'image de certains lieux, et ceux qui ont changé, ceux qui ont été détruits, ceux qui ont été oubliés. Ce regard qui parcourt le monde est ses cultures laisse sans voix à plus d'une reprise, derrière la puissance béatifiante de son 70mm en timelapse, derrière la musique au ton panthéiste de Michael Stearns. Qu'il y a-t-il de plus à dire ? Les images, bien que dénuées de voix, parlent d'elles-mêmes.

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Les Chasseurs de scalp, de Sidney Pollack (1968)

Pour être honnête, j'attendais peut-être davantage des Chasseurs de scalp, dans un premier temps parce que je ne me remettrai jamais de la claque de Pollack après Jeremiah Johnson, et dans un second temps parce que Burt Lancaster. Western oscillant entre un ton léger et plus sérieux, mettant en scène les périples du (toujours) viril Lancaster face à la bande dégénérée de Telly Savalas, avec au beau milieu Ossie Davis, on pourrait presque croire qu'il ne sait sur quel pied danser. Une conversation, impensable aujourd'hui, entre le héros et son imprévu acolyte, voit le racisme et la hiérarchie sociale de l'Ouest être brutalement remis en perspective. Quel dialogue ! En parallèle, Shelley Winters vient curieusement alléger l'ensemble dans ses divers apartés ponctuant le film. Bien étrange sentiment, finalement, jusqu'à une conclusion relativement imprévisible, dénouant adroitement la situation. Avec un peu de recul, cela aurait presque pu être un scénario pour Robert Aldrich. Intéressant tout de même, cela va de soi.

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Trois sublimes canailles, de John Ford (1926)

Somptueux western muet fordien, à la fois intime et touchant par ses très beaux personnages, et épique par l'envergure de son contexte (la ruée vers l'or), Trois sublimes canailles explore pleinement la mythologie du genre. Défait des dialogues intrusifs (malgré les intertitres, évidemment), il repose pleinement sur l'incroyable sens de la mise en scène de John Ford. Et non seulement il est un grand créateur visuel dans la description de ses inégalables paysages qui auront, pendant des décennies, forgé l'identité du genre, mais plus encore, ces plans rapprochés sur les personnages, que sont-ils splendides ! L'Ouest respire vraiment à la vue du film. Et cette séquence de départ pour la ruée est à couper le souffle, tant la dimension du réel est palpable. Après tout, John Ford ne l'a filmée que quelques décennies après l'évènement, avec l'aide de quelques vétérans... C'est quelque chose. Le chapitre de conclusion est quant à lui génial : violent, puissant... et beau, toujours.

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Au-delà de nos rêves, de Vincent Ward (1998)

Revisionnage.

C'est incroyable à quel point Au-delà de nos rêves prend une autre dimension après la soudaine et inattendue disparition de Robin Williams. En quelques minutes, le film installe déjà un mélodrame simple, mais bien émouvant. Lorsqu'il entame son chapitre éminemment plus graphique dans le fantastique monde des trépassés, le film gagne une originalité qui fait toute sa force. Et malgré toute son envergure visuelle, il ne sacrifie jamais la candeur et la simplicité transmises par le personnage de Robin Williams. Le travail de production design est à tomber par terre, encore davantage dans le passage nous entraînant vers la porte des Enfers, guidés par le magnétique et éternel Max Von Sydow. La naïveté de l'histoire d'amour pourrait être la faiblesse du film, mais encore une fois, elle est traitée avec une simplicité si totale, malgré tous les effets, que c'est aussi sa force. Peut-être parce qu'après tout, encore, Williams fait toute la différence. C'est aussi l'occasion de s'imaginer ce que le montage aurait donné si le splendide partition d'Ennio Morricone avait été conservée. Mais n'allons pas nous plaindre de retrouver Michael Kamen, après tout. Un beau film malheureusement oublié.

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James Bond contre le Dr. No, de Terence Young (1962)

Revisionnage.

La sortie récente de Spectre était l'occasion idéale pour se replonger dans cinquante ans de smoking, martinis au shaker et non à la cuillère, gadgets en tous genres et vilains très vilains. Revoir James Bond contre le Dr. No, inévitablement, c'est être (avec bienveillance) amusé par l'évolution de la saga d'Eon Productions sur certains points et non sur d'autres. Dans le premier volet, la formule n'est encore pas tout à fait établie, forcément, et le film se cherche encore un peu. Mais de la sorte, il a réellement sa fraîcheur, plus orienté sur l'espionnage que sur l'action, largement capable d'être excellent dans ses scènes de tension. Et puis, après tout, c'est Sean Connery. Sa première apparition est un modèle d'iconisation au cinéma, à se repasser comme la première fois que l'on voit John Wayne dans La Chevauchée fantastique. Et c'est là qu'on se dit "ça, c'est un héros !", de manière à ce que cela rime avec "ça, c'est du cinéma". C'est aussi Ursula Andress, qui, malgré un rôle aussi fin que son bikini, dégage une sensualité toujours renversante qui tient tout le film à partir de son arrivée. Avec du recul, il y a sans doute de quoi être un peu exaspéré par les nombreuses incursions de la musique désormais culte de Monty Norman, souvent étalée au montage pour meubler une séquence, mais qu'importe... C'était déjà un solide film que posait Terence Young.

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Walkyrie, de Bryan Singer (2008)

Revisionnage.

Habile cinéaste de la tension, Bryan Singer ne pouvait que réussir son film sur le complot du 20 juillet. D'une part, parce qu'il renouvelle sa collaboration avec Christopher McQuarrie, assez fin scénariste, et d'autre part, parce qu'il propose à Tom Cruise un des rôles les plus marquants d'une élégante carrière, arrivant à point nommé lors des difficultés qu'on lui a connues. De facture classique, car savamment orchestré, brillamment éclairé et réalisé, Walkyrie est aussi davantage que cela, davantage qu'un exercice de style historique. A l'ère contemporaine du terrorisme globalisé, il s'interroge subtilement sur la valeur de l'acte d'attentat. Car, que n'est d'autre que le colonel Stauffenberg, aux yeux du Reich, si ce n'est un terroriste ? Les enjeux sont passionnants. Et plus encore : le suspens est magistral, à faire douter quant à la conclusion, royale, que mène Singer avec l'aide de la meilleure composition de John Ottman.

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La Cité de la peur, d'Alain Berbérian (1994)

Revisionnage.

Ne nous mentons pas davantage, je connais par cœur chaque réplique et chaque scène de La Cité de la peur, sans doute même à la seconde près. Le voir et le revoir, c'est certes un constant plaisir, mais c'est aussi une manière de constater l’ingéniosité totale du scénario, dont la richesse des dialogues et des situations ne s'effrite jamais. A plus d'un gag par minute, le film ne prend pas la peine de s'arrêter ou de marquer une pause. C'est un brillant non-stop, assumant pleinement son too-much et étant même capable d'en jouer dans un discours méta-cinéphilique. L'atemporalité de son humour relève tout le travail nécessaire à la comédie, faisant trop souvent défaut aujourd'hui. On en a pourtant plein de nos jours, partout à la télévision et au cinéma, mais non, ces Nuls-là nous manquent. Un film qu'il est bien pour le voir.

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Bons Baisers de Russie, de Terence Young (1963)

Revisionnage.

S'inscrivant encore davantage dans le registre de l'espionnage (cher à Terence Young, il faut absolument voir Triple Cross / La Fantastique histoire vraie d'Eddie Chapman), Bons Baisers de Russie a tout du film efficace permettant la pérennité de la franchise qu'il installe. Peut-être plus sobre que son prédécesseur, sans l'exotisme de ses îles ou les fantaisies de son diabolique méchant, il est de la sorte plus moderne. Et c'est aussi celui qui voit naître Q ainsi que l'arrivée de John Barry à la musique (ayant préalablement légèrement collaboré au premier), autant de paramètres posant des piliers majeurs pour la série. La photographie, soutenue par la précise mise en scène, est splendide. Enfin, c'est aussi ce génial combat final dans le train, à la fois épique comme anti-spectaculaire par son environnement, confrontant Sean Connery à l'imposant Robert Shaw, et d'ailleurs un peu platement repris dans Spectre.

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Le Massacre et le sang, de Franco Rossetti (1967)

Somme toute un western spaghetti très classique, Le Massacre et le sang est surtout à réserver aux amateurs aimant retrouver le cahier des charges classique, pour ne pas dire inhérent au genre. On retrouve donc, dès l'introduction, l'inévitable humiliation du héros. Une deuxième fois, même, plus tard dans le récit. C'est dire si notre héros a des comptes à régler. L'intrigue est traditionnelle : un gang, une ville abandonnée, un trésor à récupérer, avec entre temps une bagarre dans un bar (bien sympathique il faut dire), une romance avec une belle brune italienne évidemment très cardinalesque et enfin le duel final. Rien de neuf sous le soleil mais il fait partie de ces petits westerns sympathiques, sans doute peu mémorables, mais possédant l'essentiel pour faire passer un bon moment à quiconque en quête d'exploration du célèbre courant.

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Goldfinger, de Guy Hamilton (1964)

Revisionnage.

Avec peu d'hésitations, Goldfinger est un de mes volets favoris, si ce n'est mon préféré des aventures de double-zéro sept. L'arrivée de Guy Hamilton marque une orientation différente, davantage dans l'action que dans l'espionnage des précédents volets. La formule que l'on connaîtra par la suite s'installe donc définitement. Mais quelle maîtrise, quelle classe ! Le scénario est très savamment écrit, car c'est avant tout un scénario de brillants personnages. En prenant le temps d'installer le fabuleux et diabolique Auric Goldfinger, le film garantit son constant succès et peut alors se reposer dessus, comme dans la fameuse séquence du laser, encore tout en tension et terriblement prenante. Sean Connery, à l'apogée de son charisme, confronte Honor Blackman dans une très ambigüe scène d'amour forcé : tout Bond est désormais là. Quant au reste, c'est la partition à tomber à la renverse de John Barry comme la chanson de Shirley Bassey, hypnotique sur les folles images du générique, qui n'est, ceci dit, pas signé par Maurice Binder. Un Bond éternel.

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