vendredi 3 octobre 2014

[Avis en vrac] Saint Laurent (2014) / The Equalizer (2014) / District 9 (2009) / Texas (1941) / Le cavalier de la mort (1951)

Saint Laurent, de Bertrand Bonello (2014)

Un film définitivement atmosphérique. Il s'évertue à caractériser un personnage malgré tout fascinant, présenté d'emblée comme un dérangé. Saint Laurent s'éloigne du concret et de l'académique de la précédente version (que je n'ai pas vu toutefois) et propose vraiment une variante du biopic osée et iconoclaste.

Le film est d'une précision folle, sauf le dernier tiers que j'ai trouvé franchement laborieux et répétitif, tant la caractérisation de Saint Laurent n'avançait plus. Certaines séquences de cette partie surnagent plus que d'autres (dont évidemment un final vraiment très bon), mais je confesse m'être quand même ennuyé et que cela a pas mal bouffé tout l'intérêt que je portais dans le film depuis le début.

J'ai sans douté préféré L’Apollonide, moins "perdu" (si tant est que ce soit le mot) dans son sujet, cela dit aucun doute sur le fait que ce Saint Laurent soit intéressant, intelligent et surtout un beau morceau d'audace dans un genre trop souvent hagiographique et académique, tout en étant porté par des acteurs convaincants une forme impeccable et surprenante à plus d'une reprise. Très belle utilisation du split-screen !

The Equalizer, d'Antoine Fuqua (2014)

Je n'ai jamais vu un épisode de la série The Equalizer donc j'allais voir le nouveau Fuqua sans attentes particulières. Alors c'est dommage car on a un énième thriller d'action bête, convenu et trop souvent banal, qui pourtant a un pitch qui est franchement aguicheur, évoquant une bonne vieille série B vigilante de derrière les fagots tout en ressemblant à une relecture moderne de Taxi Driver.

Du coup le temps passe lentement devant The Equalizer alors qu'on repense au potentiel, surtout vu le fun cathartique proposé par certaines bastons bien senties (quoi qu'un peu grotesques quand même). Dommage que Fuqua ne fasse pas simple et se sente obligé d'en faire des tonnes dans son scénario avec des personnages grotesques (les mafieux russes c'est une parodie), des références improbables et un peu gratuites bombardées partout (du Mark Twain, un parallèle entre Le Vieil homme et la mer, une citation visuelle récurrente d'Edward Hopper...) ainsi que des effets visuels moches et superflus.

C'est à peine sauvé par une bagarre finale rigolote et improbable qui ressemble à une adaptation du catalogue d'un Brico-Dépôt. En reste qu'on se dit quand même que Denzel Washington est trop vieux pour ces conneries, et que la précision de la direction de Tony Scott nous manque beaucoup.

District 9, de Neil Blomkamp (2009)

Je rattrape mon retard ! Tout le monde me parlait de District 9 depuis sa sortie, même si les ardeurs se sont calmées depuis le très décevant Elysium du même Blomkamp. Depuis le temps je me disais qu'il fallait que je rattrape District 9 pour affiner un peu mon avis sur le bonhomme. Malheureusement le film me déçoit et c'est un peu ce que je craignais.

On a une promesse vraiment agréable, celle d'un film qui déconstruit les stéréotypes du moment. L'univers est évidemment singulier et intéressant, mais malheureusement c'est le traitement qui ne suit pas. D'emblée, j'ai déjà un énorme problème avec la notion de point de vue dans toute la première partie du film. Ça se veut ouvertement être une sorte de reportage mais c'est découpé comme un film de fiction, même certains points de vue de la caméra ne sont pas cohérents. Ça m'a franchement sorti du film, et c'est encore plus étrange dans la mesure où le dispositif est abandonné dans la suite du film, plus classique.

Et le problème est d'ailleurs un peu là, passé le postulat de départ, District 9 ne surprend pas vraiment à cause d'une écriture simpliste, manichéenne, au dénouement trop bourrin, avec par dessus une mise en scène qui en fait des tonnes avec des gros plans et de la musique pour faire pleurer. Vraiment dommage. Je pense qu'il y a déjà là les racines de tous les problèmes d'Elysium. Ceci dit, le film demeure tout de même captivant, même si l'on en attend davantage. On ne s'ennuie jamais et l'univers est intéressant et visuellement soigné, ce qui apporte quand même un capital sympathie incontestable.

C'est juste que bon, j'ai trouvé ça gentillet. C'est dommage d'avoir ce film de SF Sud-africain produit par Peter Jackson si c'est ensuite pour reprendre les grands poncifs hollywoodiens.

Texas, de George Marshall (1941)

J'avais trouvé extrêmement sympathique le dernier film que j'avais vu de George Marshall, Femme ou démon. Dans un premier temps j'avais l'impression que Texas était un peu dans la même lignée, sans doute en encore plus exagérée, avec ce western à l'humour parfois burlesque, un peu lourdingue mais gentil. Même si l'ensemble met du temps à démarrer, certaines scènes font mouches et c'est appréciable de voir le duo Glenn Ford / William Holden, tous deux encore jeunes, de vrais blancs-becs n'ayant pas encore l'overdose de charisme qu'ils auront plus tard.

Le problème c'est que j'ignore franchement où le film veut aller tant son évolution semble foutraque. Tout se dramatise mais ça n'est pas franchement réussi et on a encore en tête la bouffonnerie du début. L'histoire (classique, encore une histoire d'éleveurs et de troupeaux) n'intéresse pas vraiment et parmi toute la galerie de personnages, seul le sinistre dentiste, finement interprété par Edgar Buchanan, tire son épingle du jeu.

Pas un western terriblement mauvais, mais hélas très dispensable, j'en attendais plus du fameux duo. Pour la petite anecdote, c'est mon 150ème western vu !

Le cavalier de la mort, d'André De Toth (1951)

Encore un film sans doute très archétypal des westerns avec Randolph Scott. J'aime cet acteur, qui ne paye pas de mine mais a un véritable capital sympathie, un bonhomme coloré et agréable. Alors tout ici est très classique : le clan des gentils, le clan des méchants, une affaire de terres à récupérer, des femmes au milieu de l'intrigue et l'ensemble qui se règle en faisant parler la poudre. 

Même si j'émets une réserve sur l'univers et les enjeux, qui sont parfois un peu confus (notamment chez certains personnages secondaires), Le cavalier de la mort (quel titre français pompeux, même si ça fait bien badass) n'ennuie pas, et propose tout simplement ce qu'on est venu chercher, Randolph Scott qui règle ses comptes. De bonnes idées ponctuent le film çà et là, notamment cette fusillade dans le noir où seuls les éclairs des pistolets se perçoivent. On reconnaît l'audace de De Toth, idem dans un final plutôt osé et anti-spectaculaire pour le genre, avec une touche de cynisme propre au réalisateur.

Les ambitions ne sont peut-être pas énormes, mais c'est un petit western agréable.

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