lundi 6 avril 2015

[Avis en vrac] Vus et revus en 2015 #2 : les cartoons Superman des studios Fleischer


"Up in the sky, look ! It's a bird ! It's a plane ! IT'S SUPERMAN !"

Dans le très complet coffret blu-ray Superman, j'ai eu le plaisir de découvrir les animés des années 40 produits par les studios Fleischer (puis, dans une deuxième partie, par les Famous Studios mais j'y reviendrai). Bien que tous les courts-métrages ne se valent pas, l'ensemble demeurent tout de même passionnant notamment grâce à un graphisme hors-du-commun (la charte graphique sera d'ailleurs reprise plus tard pour la série animée Batman des années 90) et un véritable sens de la mise en scène, révolutionnant même le personnage de Superman en lui apportant la capacité de voler, qu'il n'avait pas auparavant.

Petit retour sur les différents courts de cette saga avant-gardiste.

Les cartoons Superman des studios Fleischer (1941 - 1942) :

Les Superman des studios Fleischer étaient produit par Max Fleischer (père de l'excellent réalisateur Richard Fleischer), réalisés par son frère Dave Fleischer et mis en musique par leur cousin Ruben Fleischer. A cette époque le studio était profondément virtuose dans l'animation et constituait déjà un concurrent de taille pour Disney ou Warner. Dans l'ensemble, c'est ce studio qui a réalisé les meilleurs courts.

Superman (1941) est le volet fondateur, extrêmement classique mais posant les bases d'un univers efficace et très visuel, aux références plaisantes à l’expressionnisme allemand pour le bad-guy. Les codes de Superman passent tout de suite à merveille, de ce générique over the top aux réplique bien senties. De quoi attiser largement une chouette curiosité pour poursuivre le reste de la saga.



Les monstres mécaniques (1941) passe directement la vitesse supérieure et propose un court d'action de très haute volée, incroyable sur le plan des effets visuels et endiablé par la musique. C'est moderne, virtuose et total, on se prend encore plus aux aventures de Superman, qui trouvent ici déjà un premier grand tournant, méritant largement d'être découvert.



Le Billion Dollar Limited (1942) est peut-être celui qui évoque le plus la série animée Batman des années 90, avec cette charte graphique de film noir ou néo-noir, où l'univers des gangsters est stylisé avec une touche fantaisiste (notamment la voiture blindée aux airs futuriste). Un régal complet articulé autour d'une longue scène d'action à bord d'un train.

 Fiche Cinelounge


Le géant de l’Arctique (1942) s'apparente quasiment à un film de kaijus avant l'heure.On retrouve ainsi la cultissime image du gigantesque monstre au beau milieu des buildings, semant le chaos dans la ville face à une police impuissante, à la manière également du Monstre des temps perdus. On attend peut-être un dénouement plus épique, mais l'essentiel est très sympa.

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Les Bulleteers (1942) embarque de nouveau Superman face à une nouvelle, improbable mais fantastique invention, cette fameuse voiture de méchants qui vole, transperce les immeubles et détruit tout. Le déluge d'effets pyrotechniques est toujours saisissant grâce à la somptueuse technique utilisée, d'autant plus qu'ici les hauteurs vertigineuses de Metropolis sont très bien utilisées.

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Le télescope magnétique (1942) permet de retrouver le fabuleux cliché du savant irresponsable (que la saga met d'ailleurs régulièrement en scène, on sent bien cette époque où l'on redoute le pouvoir de la science), mijotant ici une expérience délicieusement improbable contre laquelle Superman lutte. A nouveau peu de neuf, mais qu'importe, l'enthousiasme global prend le dessus.

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Tremblement de terre électrique (1942) commence tout de même très fort avec ce natif américain demandant au Daily Planet qu'on lui rende son continent... avant d'enfiler une fois de plus la blouse du savant fou qui veut la fin du monde. Le chaos causé est tout de même incroyable, la moitié de la ville est rasée, mais heureusement que Superman est là, tout est bien qui finit bien !

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Le volcan (1942) voit Superman lutter contre la force destructrice de la nature, renouant ici encore avec un gigantesque déluge de feu et d'explosions. A nouveau on constate comme la réalisation des effets visuels est fantastique, offrant quelques plans incroyables. Dommage que le côté répétitif se ressent davantage et que l'originalité soit moins de mises. Au moins, pas de Dany Boon ici.

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Terreur sur le Midway (1942) est peut-être le court le moins convaincant de la saga. Prenant place dans un cirque où un gorille sème la zizanie (l'image de King Kong n'est évidemment jamais loin), le court offre tout de même largement moins de moments impressionnants au personnage de Superman. La variation de contexte a son petit charme, mais le reste est davantage paresseux.

Les cartoons Superman des Famous Studios (1942 - 1943) :

En 1942, la donne change et Universal rachète les studios Fleischer. L'équipe familiale est dissoute, le studio complètement réorganisé et prend le nom de Famous Studios. Le moins que l'on puisse dire, c'est que globalement, à quelques exceptions près, la qualité de la production en prend un coup. On constate aussi que, entrée en guerre des États-Unis oblige, les sujets sont éventuellement davantage politisés, mettant en scène les forces de l'Axe.

Japoteurs (1942) met pour le moins que l'on puisse dire les pieds dans le plat, impliquant directement les Japonais dans le vilain sabotage d'un avion herculéen qu'on croirait sorti de l'imaginaire d'Howard Hughes. Pour le coup c'est définitivement le meilleur court des Famous Studios et un des meilleurs des animés mettant en scène l'homme de fer :  simple et peu subtil, mais virtuose.

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La confrontation (1942) reprend le classique thème de l'imposteur cherchant à nuire à la réputation du héros. Éventuellement rigolo mais moins inspiré, c'est un de ces courts où le potentiel de Superman est le moins mis en avant, confiné  face à des méchants peu imposants qui impliquent donc un dénouement forcément moins spectaculaire.

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La onzième heure (1942) commence de manière bien confuse puisqu'on ne sait trop comment, Lois et Clark se retrouvent "prisonniers" des Japonais. Heureusement que Superman est du bon côté et qu'il a décidé de gagner la guerre à lui tout seul en détruisant la moitié de la flotte nippone ! Plein d'explosions pour les gros vilains, mais un beau cafouillage dans l'histoire quand même...

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Destruction Inc. (1942), malgré son titre, n'offre pas une orgies d'explosions mais met en scène un complot dans une usine d'armement. A nouveau on ressent bien ce changement de ton avec l'entrée en guerre des États-Unis , mais c'est presque dommage de ne pas pousser le bouchon un peu plus loin et de faire quelque chose de plus ambition, autre que quelques bagarres.

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La momie attaque (1943) est hélas, sans aucun doute, le plus raté de toute la saga et le moins ambitieux. Reprenant le sempiternel mythe de la momie égyptienne, à aucun moment cet épisode n'apporte quelque chose de nouveau ou d'intéressant par rapport à Superman, rendant cet épisode du coup relativement laborieux. Dommage pour une série aussi efficace.

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Les tambours de la jungle (1943)  nous propulse cette fois-ci dans un cadre plus exotique, dans les contrées sauvages d'Afrique que le court se plaît à caricaturer. Le court arrive également à mêler un brin de propagande avec cette lutte contre les forces nazies, jusqu'à un épilogue qui va jusqu'à mettre en scène Adolf Hitler, vraisemblablement contrarié par les interventions de Superman.

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Le monde souterrain (1943), à contrario du plus tardif (et très mauvais) film Superman contre les nains de l'Enfer fait l'effort de développer l'atypique univers de créatures souterraines, à moitié homme, à moitié faucon. Le tout laisse éventuellement un goût d'inachevé (ce qui n'était pas le cas dans les cartoons de Fleischer), mais l'épisode demeure agréable et visuellement soigné.

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Agent secret (1943) est également bien engagé, faisant lutter Superman contre de diaboliques gangsters nazis menés par Adolf Hitler lui-même, rentré on-ne-sait-trop comment sur le sol américain. Fusillades et explosions sont au rendez-vous, alors qu'on a la main sur le cœur lors de la fin, devant la bannière étoilée. Merci Superman ! La propagande c'est quand même vraiment cool.

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Et pour conclure, trois petits courts-métrages présentés indépendamment, mais toujours sur le thème de Superman bien entendu : Super-Rabbit, Snafuperman et Stuppor Duck.


Super-Rabbit (1943) est un court des Merry Melodies qui parodie la saga animée Superman des studios Fleischer jusqu'à en reprendre son légendaire générique. Évidemment on retrouve le trublion Bugs Bunny dans le rôle titre, renouant avec les gags pas très fins mais parfois très drôles qu'on lui connaît. Un complément bien plaisant bercé par l'esprit de la Warner.

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Snafuperman (1944) fait vraisemblablement partie des (més)aventures du soldat Snafu en cartoon. Au ton évidemment joyeusement propagandiste, celui-ci a la caractéristique d'être en plus pédagogique : être puissant c'est bien, mais être intelligent en plus, c'est mieux, afin de ne pas raser par erreur Washington en pensant que c'est Berlin. Sacrés Américains !

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Stupor Duck (1956) voit ce coup-ci le légendaire gaffeur Daffy Duck enfiler le costume à cape rouge, enchaînant bien entendu bourde sur bourde. Les gags sont éventuellement drôles ou très lourds, mais la nostalgie de ce personnage confère quand même à l'ensemble un côté très plaisant, très vintage et qui finalement se savoure sans déplaisir.

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A noter que la plupart des courts sont trouvables sur Youtube, mais souvent en mauvaise qualité ou alors dans des versions au mauvais format. L'idéal pour les regarder reste de se procurer le coffret mentionné ci-dessus, régulièrement en promotion.

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