mardi 7 octobre 2014

[Avis en vrac] Horns (2014), Still the Water (2014), Dracula Untold (2014), Predator (1987), Beetlejuice (1988), La mission du commandant Lex (1952) et Le Salaire de la violence (1958)


AU CINÉMA


Horns, d'Alexandre Aja (2014)

Premier film que je vois d'Alexandre Aja, depuis le temps qu'on me parlait de lui. C'est définitivement très intriguant et ce dès le premier plan, le bonhomme derrière la caméra a définitivement des idées. J'aime vraiment le concept de prendre un acteur pas tant pour son talent mais pour son image, et en jouer, la déconstruire et la reconstruire (comme pour Cotillard chez Audiard ou les Dardenne). Et le moins que je puisse dire c'est que cela marche rudement bien. J'ai complètement cru dans le personnage et ses enjeux.

Horns est terriblement bien pensé car Aja parvient à faire un film relativement excentrique, second degré et drôle à plus d'une reprise tout en instaurant une atmosphère très prenante et un enjeu dramatique qui fait mouche. Et là il y a le vrai challenge du film : faire un vrai, beau film fantastique. Aja prouve que le drame fantastique américain dans un univers jeune ne se résume pas qu'à Twilight, et qu'on peut quand même faire du vrai cinéma, une vraie histoire. J'ai trouvé ça génial, d'autant plus qu'en parallèle le film va complètement au bout de ses idées.

Au tableau noir on peut toujours noter une notion du rythme parfois un peu brinquebalante ou encore qu'Aja vend un peu tôt la mèche sur l'identité de son tueur (par ailleurs pas très bien interprété, contrairement au reste du casting). Rien n'empêche cela dit le film d'être osé et très rafraichissant, un vrai petit plaisir.

Still the Water, de Naomi Kawase (2014)

Atroce. Une de mes pires séances de l'année. Je trouve pourtant l'univers intéressant (une population traditionnelle un peu isolée sur une île nippone), mais la réalisatrice (dont c'est le premier film que je vois) fait l'exploit de rendre tout ceci inintéressant. Déjà, pour un film qui veut m'enivrer de son univers et me parler de beauté, je l'ai trouvé passablement moche. Les cadres ne sont pas soignés et surtout la direction photo est terriblement plate, très numérique (dans le mauvais sens du terme), sans intérêt. J'ai quand même franchement du mal à rentrer ainsi dans l'univers.

L'autre problème majeur, ça n'est pas tant que le film ne raconte rien, c'est surtout que ses personnages sont inintéressants. Je ne partage pas leurs enjeux, pire même : ils m’agacent. Toutes les scènes dramatiques deviennent ainsi interminable (la mort de la mère, j'ai cru qu'elle décédait trois fois, la séquence est beaucoup trop longue), sans évoquer le fait que le film sombre totalement dans le pathos alors que paradoxalement il se veut simple et léger. Mais c'est faussement léger, le film est lourd.

Le reste de l'écriture est franchement grotesque, d'autant plus que les personnages masculins sont encore plus mal écrits (la conversation entre le père et le fils au restaurant est une calamité). A aucun moment je n'ai été en emphase avec eux. Aucun.

Alors peut-être que je suis passé à côté de l'intérêt film, mais dans ce Still the Water j' ai surtout vu une parodie de film d'auteur asiatique, laide et inintéressante.

Dracula Untold, de Gary Shore (2014)

Peu de choses à dire, une énième adaptation sans intérêt du personnage de Stoker, qui ici reprend la mode des "origines". Tout est raté de A à Z et profondément inintéressant. Dracula Untold n'a pas d'idées originales et se paie même le luxe de vampiriser (c'est le cas de le dire) celles des autres films, Le Seigneur des Anneaux en tête évidemment. C'est affolant car c'est gros comme le nez au milieu du visage, à croire que le réalisateur pensait qu'on ne le verrait pas. Pendant tout le film, rien ne surprend. L'histoire est sans audace, d'un classicisme déprimant tant il n'est même pas maitrisé.

Derrière les traits de Dracula on retrouve un Luke Evans sans charisme, qui n'a absolument pas la carrure pour tenir ce genre de premier rôle. Le peu d'ambition du film s'effondre, bouffé par ces effets de mise en scène abominables (plus d'une scène est littéralement illisible, ou alors se perd dans des effets visuels d'un laid record) ou cette direction artistique improbable (le XVème siècle ressemble au XIème, on voit même des croisés au début...). Rien n'en impose, pas même Charles Dance très mal grimé en grand vampire séculaire.

Poubelle. Seul point positif : j'ai envie de revoir le très bon Coppola.

Predator, de John McTiernan (1987)

Revisionnage à l'occasion de la rétrospective John McTiernan à la Cinémathèque française.

Redécouvrir les McTiernan au cinéma c'est quelque part un véritable privilège et Predator l'illustre parfaitement. On se rend compte à quel point McTiernan tisse avec une finesse et une efficacité sans pareilles l'ambiance de son film, avec des idées de mise en scène constamment simples mais quelque part inimitables. Predator est probablement un film absolu sur la déconstruction de l'icône made in USA et la survie par l'adaptation. C'est toujours fascinant à revoir, sans parler du run final qui propulse le film dans une autre dimension. Grand chef-d'oeuvre, qui trouve d'ailleurs une forme de continuité dans le très intéressant (mais hélas mal-aimé) 13ème guerrier, plutôt que dans ses suites plus ou moins ratées (même si le deuxième volet reste regardable).


J'écrirais peut-être une critique dessus à l'occasion, c'est vraiment un McTiernan qui me tient à coeur.

Beetlejuice, de Tim Burton (1988)

Revisionnage.

Qu'il est bon de se remémorer le temps où Tim Burton faisait des bons films ! Je n'avais pas revu Beetlejuice depuis très longtemps (peut-être douze ans ?) et le redécouvrir est un véritablement petit plaisir. C'est typiquement du cinéma artisanal qui surprend toujours de bout en bout car il s'impose peu de limites. C'est du cinéma très référencé comme je l'aime, à cela près que je nuancerai que Tim Burton l'intègre moins subtilement et efficacement que dans ses films suivant. Quelque part j'ai l'impression qu'il se cherche encore, d'ailleurs c'est sa notion du rythme qu'il n'a pas encore acquis à ce moment-là. Avec Batman, son premier chef-d’œuvre, c'est la confirmation. Enfin ceci dit, Beetlejuice n'en reste pas moins un Burton précieux d'une époque qui semble lointaine.



Le moine et le poisson, de Michael Dudok De Wit (1994)

Avant la projection de Still the Water au Cinéma des Cinéastes, j'ai bénéficié de la projection d'un très sympathique court-métrage tout en aquarelle, Le moine et le poisson, plein de lyrisme et de naïveté, que je vous invite à découvrir ici.


EN VIDÉO


La mission du commandant Lex, d'André De Toth (1952)

Un western plutôt original car il met en scène l'espionnage entre l'Union et les Confédérés. La présence derrière la caméra d'André De Toth confie au film une intelligence vraiment plaisante et un traitement sec. Le fait de déshonorer Gary Cooper et de le trainer dans la boue m'a pas mal rappelé Ceux de Cordura de Robert Rossen. La Mission du commandant Lex aurait probablement pu se permettre d'être plus long et plus ambitieux. A la manière de Winchester 73 de Mann, il aurait pu appuyer un peu sa mise en scène de la carabine Springfield. J'émets également une réserve sur la composition de Max Steiner, ressemblant énormément à celle des Conquérants de Michael Curtiz.. Ceci dit le film ne demeure pas moins une agréable trouvaille, portée comme toujours par un Gary Cooper savoureux qui décidément n'a pas peur de malmener son image iconique de héros, ce film étant par ailleurs sorti juste après Le Train sifflera trois fois de Fred Zinnemann.


Le Salaire de la violence, de Phil Karlson (1958)

Avec ses allures crépusculaires et son traitement de la violence qui me rappelle beaucoup Libre comme le vent de Robert Parrish, que j'ai vu il y a peu, Le salaire de la violence est un bon petit western comme je les aime. L'univers est simple mais bien écrit, ce qui permet à la discorde familiale de fonctionner complètement, dominée par un Van Heflin que je ne soupçonnais pas être aussi charismatique et imposant. 

Encore une fois, les cadres en scope sont renversants de beauté. Les thèmes sont abordés frontalement, le rapport à la violence, la loi ou encore le métissage et trouvent leur paroxysme dans une fin terrible, qui m'évoque encore une fois Libre comme le vent, sorti d'ailleurs la même année. A voir !

2 commentaires:

  1. Van Heflin en impose par sa stature et son charisme il a eu des roles mémorables .3 h10 pour Yuma Shane l'homme des vallées perdu le salaire de la violence, le raid, tomahawks ,revolte au mexique ,new mexico

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    1. Ah bien sûr, je ne dis pas ! C'est juste que j'avais cette image de lui, un peu archétypale du paisible fermier de l'Ouest, comme dans 3h10 pour Yuma !

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