Le Conformiste, de Bernardo Bertolucci (1970) |
EN VIDÉO :
Lame de fond, de Ridley Scott (1996)
Revisionnage.
Dans la carrière de Ridley Scott, il y a des films boudés (Robin des Bois), mais aussi des films totalement oubliés comme Lame de fond, correspondant à sa traversée du désert préalable à la sortie, et au retour à la gloire, de Gladiator. Et pourtant c'est un bien joli film, certes simple et sans l'esbroufe habituelle, mais ancré dans les valeurs qui sont chères à son auteur. La quête spirituelle observée par les apprentis-marins déborde de vie. Comme à l'accoutumée avec Scott, c'est un film versant dans un ton hautement symbolique, autours des thèmes de la rédemption, la mise à l'épreuve par le destin et la recherche d'un monde nouveau pour se libérer de la société. Jeff Bridges est magnifié devant la caméra du réalisateur, qui saisit tout aussi bien l'espace organique d'un navire. La fameuse tempête éprouvée par L'Albatross déploie tout de même un dispositif de mise en scène encore impressionnant. C'est sans doute un film à redécouvrir, peut-être plus mineurs que d'autres, mais pourtant, tout est là, dans une simplicité des plus éloquentes, à l'image de la paisible et mélodieuse musique de Jeff Rona.
Revisionnage.
Et voilà, place à Roger Moore ! Vivre et laisser
mourir marque l'entrée dans une période relativement lourdingue,
transformant parfois l'espion britannique en parodie sortie d'un Blake
Edwards. Néanmoins, il arrive à être intéressant dans la mesure où il
est aussi le reflet de son temps, ici influencé par la Blaxsploitation,
incluant alors James Bond dans un New York au climat plus réaliste. Ceci
dit, le reste de l'aventure est beaucoup plus conventionnel malgré une
adaptation signée Tom Mankiewicz. Hélas l'antagoniste campé par Yaphet
Kotto n'est pas le plus convainquant que l'on ait vu, bien que l'on
retienne habituellement sa légendaire mort, ringarde et grotesque à
souhaits, mais dont il est difficile de bouder la certaine inventivité.
On peut d'ailleurs étendre ce raisonnement à l'ensemble du film, dont on
aura souvent eu tendance à retenir essentiellement le thème de Paul
McCartney & The Wings, certes dynamique et prenant, mais bougrement
hors-sujet. En revanche, il faut noter la très belle photographie de Ted
Moore, contrastant avec une mise en scène d'un Guy Hamilton
vieillissant, moins enclin à proposer du neuf.
A la Merveille, de Terrence Malick (2013)
Je regrettais d'avoir raté A la Merveille
à sa sortie, bien que j'angoissais aussi à l'idée que la radicalisation
de Malick finisse par me laisser sur le bas-côté. Fort heureusement,
non, c'est un film que j'ai aimé, qui m'a touché. Je suis de plus en
plus sensible à cette dimension qu'a Malick de reprendre ses thèmes
obsessionnels en les transportant au sein de contextes différents, dont
l'ensemble dresse un portrait d'Amérique unique. En se défaisant d'une
structure classique, dans un chaos des plus élégants, il peut aller
droit au but au travers de ses personnages et de leur évolution. Les
sentiments défilent à une vitesse folle, à l'image de son montage qui
s'est jusqu'alors accéléré de film en film. La vie échappe aux
protagonistes, à la recherche d'une plénitude sentimentale qui ne
fonctionne jamais vraiment. J'émets néanmoins une réserve sur la
lourdeur d'un personnage, l'amie italienne de Marina, dont le simplet
discours répété en boucle, bien que cohérent dans le fond, saborde
quelque peu l'extrême fluidité qui marquait le film jusqu'à ce moment.
Un détail devant ce que Terrence Malick propose dans un film qui est
sûrement encore à redécouvrir, pour être sidéré, une fois de plus, par
son pouvoir de création et de représentation d'univers, à l'image de
cette transition entre la France et les États-Unis qui m'a laissé bouche
bée.
Encore une fois, on a pas le temps de respirer dans Arsenic et vieilles dentelles.
Les situations impossibles s'entassent dans l'espace réduit à mesure
que les excentriques protagonistes deviennent de plus en plus ingérable,
avec au beau milieu ce Cary Grant dans le cabotinage le plus dynamique
et incontrôlable qui soit, mais d'un délicieux qu'on ne peut dissimuler.
Capra est tout de même un maître du rythme. Même lorsque le film tourne
légèrement en rond, peut-être moins inventif ou osé que L'Incroyable monsieur Bébé,
Capra arrive à maintenir un intérêt complet pour les multiples
dénouements à venir de l'intrigue des frères Epstein. Voilà peut-être un
modèle de théâtralisme qui ne prend pas le pas sur l'envergure et la
réussite cinématographique, dont la savante facture garantit sans doute
une modernité internissable.
Déjà Vu, de Tony Scott (2006)
Revisionnage.
On a trop souvent assimilé, à tort, Déjà Vu
à un blockbuster crétin à cause de l'invraisemblance de son concept et
de ses explications. Mais si l'on en fait fi, car ici, le concept sert
l'intrigue et le fond, il se dessine un film de surveillance
passionnant, venant compléter le génial Ennemi d’État. Le
dispositif de surveillance devient ici ultime, libre d'axes et, dans une
certaine mesure, libre du facteur temps : c'est l'observation à son
paroxysme, ou presque. Elle n'est plus l'ennemi comme autrefois, mais un
outil, tout de même inquiétant, pour lutter contre le terrorisme,
lui-même généré par l'Amérique elle-même. Le fond politique du film est
saisissant et bel et bien présent, jamais écrasé par le détonant et
vertigineux film d'action qui le recouvre. En cela, Tony Scott aura
toujours été brillant et plus surprenant qu'on ne veut le croire. Et si
l'on fait encore fi de ceci, il n'en reste pas moins un diablement
efficace thriller.
Revisionnage.
J'estime, sans hésitations, que Man on Fire
est le chef-d’œuvre définitif de son auteur. Non seulement, il se forge
d'après le script inébranlable de Brian Helgeland, mais plus encore,
évidemment, le film voit Tony Scott s’approprier un nouveau style, d'une
modernité totale, à l'exemplaire réussite, qu'aucun ou presque n'aura
su renouveler depuis. Depuis le postulat d'une sorte de série B se
taille un film de mythologie et de rédemption, où le thriller burné
vient une fois de plus côtoyer un élan politique plus raffiné. A plus
d'une reprise, le film est vertigineux dans son écriture et forcément
dans la mise en scène qui s'applique dessus, dans tout ce chaos contrôlé
signifié par les excessifs et perturbants mouvements ou effets. C'est
une expérience atmosphérique, parfois éprouvante, en phase avec ses
personnages et leurs démons, mais toujours pensé selon une volonté de
cinéma unique : être capable de faire un film d'action depuis le prisme
du montage expérimental. Un film absolu à tous les niveaux, pour son
réalisateur, pour son brillant compositeur Harry Gregson-Williams; et
aussi, cela va sans dire, pour la muse de Tony Scott, le bon vieux
Denzel Washington qui trouve ici aussi son meilleur rôle. Immense film
du cinéma américain post-moderne.
A propos du documentaire Vengeance is Mine: Reinventing "Man on Fire"
: c'est un peu dommage que le film de Charles de Lauzirika soit
relativement incomplet. Alors qu'il revient sur la passionnante genèse
du film, remake d'un film éponyme d’Élie Chouraqui et sur son éprouvant
tournage, il omet complètement sa post-production, ce qui, pour un film
avec un tel style, une telle ampleur de montage, paraît inconcevable.
Cela dit, c'est l'occasion de découvrir à quoi correspond le style si
emblématique de Tony Scott en pratique, dans une mécanique technique
impressionnante qui correspond à la plus grande des exigences. Alors se
distingue le grand génie derrière tout ceci : faire un film d'action
modernissime dans tous ses effets, et pourtant tourné avec des caméras à
manivelle.
The Hire : Beat the Devil, de Tony Scott (2002)
Matrice d'un nouveau style de Tony Scott, le colossal spot commercial The Hire : Beat the Devil
est le reflet de l'énergie débordante du réalisateur. En transcendant
les (non-)limites offertes par la publicité, il délivre un objet visuel
étourdissant, où le film expérimental vient à l'emporter sur le film
d'action. Le message publicitaire en lui-même devient caduque, manipulé
par un grand auteur qui entend marquer par la création picturale en
elle-même. Dix minutes de névrose se concluant dans une course-poursuite
renversante à bien des niveaux. Et parce qu'un génie peut en cacher un
autre, on aura noté l'ami David Fincher à l'écriture, dans l'ultime pan
de sa période insolente.
Pearl Harbor, de Michael Bay (2001)
Revisionnage.
Après Il faut sauver le soldat Ryan, il fallait bien qu'Hollywood se mette aussi à jour dans ce retour à la mode du film de guerre. Le scénario de Pearl Harbor, signé Randall Wallace, qui récidivera plus tard avec Nous étions soldats, est une sorte de melting-pot héroïque combinant le film de Spielberg à une fresque grandiloquente façon Titanic.
Évidemment, le résultat est à moitié indigeste, plus ou moins porté par
un Michael Bay éprouvant bien peu d'intérêt, de son propre aveu, dans
le films historique que lui a imposé Jerry Bruckheimer. Le résultat est
évidemment un grand gloubi-boulga d'action sur fond de mélodrame
exacerbé, à l'interprétation totalement à côté de la plaque et à
l'écriture aux valeurs héroïques complètement désuètes. Le réel impact
du film demeure l'envergure injectée par Michael Bay dans ses séquences
d'action, notamment l'attaque, où le déploiement d'artifices en tous
genre peut éventuellement faire son effet. Après, va-t-on pardonner un
scénario si simplet pour autant, au fond politique et moral légèrement
puant ? Plus simplement, pour l'attaque en elle-même, autant revoir Tora ! Tora ! Tora ! (dont Michael Bay, sans surprise, s'est beaucoup inspiré) et pour le mélo, Tant qu'il y aura des hommes.
Dans la vallée d'Elah, de Paul Haggis (2007)
Entre le métaphorique diptyque Iwo Jima sur lequel Paul Haggis aura officié en scénariste, et Dans la vallée d'Elah,
il faut croire qu'il aura rondement mené un tour du trauma américain
faisant suite aux destructeurs conflits en Irak et en Afghanistan. Avec
un certain recul, ce film m'évoque finalement American Sniper
de Clint Eastwood, des films où d'immuables et idéalistes valeurs
américaines rencontrent amèrement le spectre du regret, de la mort et
des doutes du lendemain. Et jusque dans la forme, d'ailleurs, puisque la
sublime mais très sobre photographie de Roger Deakins vient croiser les
teintes tout aussi tristes et grisaillantes de Tom Stern. Bien que l'on
puisse reprocher au film un défaut de subtilité, il est d'un
rentre-dedans nécessaire, et il ne pouvait sans doute en être autrement,
c'est aussi sa manière d'être réussi, d'être bouleversant, à l'image du
dernier plan. Sans surprise, il offre à Tommy Lee Jones un grand rôle
dramatique dans un touchant duo avec Susan Sarandon, et plus encore à
une Charlize Theron d'une rare finesse, à la simplicité exemplaire. Un
vrai et sincère cri de détresse, en somme.
Revisionnage.
Classique mais solide thriller d'action, Black Rain est avant tout un écho plus hollywoodien à Blade Runner.
Renouant avec le style néo-noir, il permet à Ridley Scott de visiter
l'Asie tant fantasmée dans sa précédente dystopie. C'est encore un film
très graphique, à l'image constamment embrumée, crépusculaire ou
nocturne, remarquablement photographiée par le talentueux Jan de Bont. A
travers un scénario qui explore simplement une histoire de flics contre
yakuzas, se tisse également toute l'obsession autour de la corruption,
la perte culturelle ou l'emprunte américaine sur le sol japonais ; la
signification du titre est sans équivoque à ce sujet-là. La patte de
Ridley Scott demeure sans pareil, alors qu'il signe d'ailleurs sa
première collaboration avec Hans Zimmer, qui avait à l'époque un sacré
panache dans ses plutôt kitch mais épiques compositions.
Wallace & Gromit : Sacré Pétrin, de Nick Park (2008)
Très certainement déçu puisqu'il s'agit là du métrage le plus décevant des aventures d'un des plus beaux duos britanniques. Sacré Pétrin reprend l'esprit et le dynamisme du Mystère du Lapin-Garou, mais perd quelque chose en route, peut-être la maturité voire même une certaine sobriété, les effets s'accumulant. Alors certes, c'est sévère, puisque la patte est toujours là, ce côté un peu innocent, désuet, finalement touchant, ainsi des gags bien trouvés sont toujours capables de faire rire, mais peut-être est-ce plus par nostalgie qu'autre chose, en repensant aux anciens films, tous fabuleux. Une prolongation éventuellement agréable mais finalement dispensable, à l'instar d'une autre production Aardman comme Les Pirates, ce qui aurait pu témoigner d'un certain freinage au sein du studio, s'il ne nous avait pas gratifié du très drôle, plus réussi et plus mature Shaun le Mouton.
Je suis assez déçu de Tomboy. Céline Sciamma réalise un film qui n'a pas nécessairement la maturité ou la force de Bande de filles.
Bien que détenant un sujet passionnant, il semble qu'elle n'en fait
jamais rien, trop focalisée sur sa jeune interprète principale,
remarquable il faut bien le dire. Mais ça ne fait pas tout. L'écriture a
ses beaux moments de justesse mais paraît bien trop inachevée ou trop
peu subtile à certains endroits, notamment dans son dernier tiers. C'est
à l'image de la réalisation, parfois solaire et très épurée, d'autres
fois d'un sinistre plan-plan qui ne rime pas à grand chose et donne
cette vilaine impression de film de la Fémis, renforcée par la
catastrophique direction d'acteur des seconds rôles (surtout des
parents). Je suis donc un peu dubitatif face au film, bien intentionné,
sûrement plein de qualités dans ses détails, mais qui me laisse à moitié
sur le carreau, comme s'il passait partiellement à côté de son sujet ; à
la fois plein de vie et plein de vide.
Quelle immense déception ! Je m'attendais à quelque chose de la trempe de La Main du Diable de Tourneur, produit un peu plus tôt, à l'époque de la Continentale. Je trouve en fin de compte que La Beauté du Diable
a de sérieux problème de scénario, d'une part confus, d'autre part sans
attache émotionnelle. Peut-être est-ce parce que Gérard Philipe a peu
de répondant face à Michel Simon, mais principalement parce que
l'exercice global du film paraît plutôt vain. C'est un petit conte
moral, peu déplaisant et éventuellement élégamment tourné par René
Clair, mais jamais parcouru par un trait de génie qui vient sublimer le
fantastique et sa morale. Et bien que je n'aime pas l'emploi du mot, je
me vois obligé de dire que ce tout finit par faire un brin vieillot,
manquant de modernité ou même d'une verve classique plus efficace, que
l'on a retrouvé pourtant ailleurs chez René Clair. Dommage.
Film épique et politique qui aurait pu être l'oeuvre de John Milius, Under Fire
est un grand exemple-type de la production américaine des années 80 qui
serait plus difficilement envisageable de nos jours. Abordant
frontalement l'implication américaine et l'éthique journalistique dans
la dictature du Nicaragua, il en extirpe un superbe film d'aventure, si
l'on peut le qualifier ainsi. Avant tout, il faut noter le fabuleux
casting constitué par Nick Nolte et son charisme chavirant, Gene Hackman
et la présence inquiétante et magnétique de Jean-Louis Trintignant. Ils
rendent le film incroyablement prenant, d'autant plus portés par la
très soignée réalisation de Roger Spottiswoode, dynamique et finement
pensé, lui-même autrefois monteur chez Sam Peckinpah. Ses efforts se
voient conjugués à ceux de Jerry Goldsmith, qui signe peut-être une de
ses plus grandes musiques, aux envolées mélodramatiques à la fois
exotiques et modernes.
48 heures, de Walter Hill (1982)
Signant
un buddy-movie qui ne va pas chercher loin, mais qui, à sa manière,
préfigure évidemment un autre duo plus tardif du cinéma d'action
hollywoodien, Walter Hill fait de 48 heures un manuel
d'efficacité. Pas le temps de se poser la moindre question dans le
dynamisme incroyable du film et l'alchimie entre Nick Nolte et Eddie
Murphy, compensant largement le classicisme de la trame qui n'est qu'un
prétexte à une action bien sentie et quelques punchlines comme on aime.
Il faut absolument saluer la splendide photographie de Ric Waite,
s'alignant sur le talent de Walter Hill dans sa captation des
environnements urbains, comme il le fait notamment depuis The Driver.
Bref, un divertissement d'une facture certaine, quand bien même il
n'est pas mémorable, confirmant un talent qui semble s'être depuis
relativement évanoui, hélas, du réalisateur.
Gloire à la stylisation selon le cinéma italien ! Avec Le Conformiste,
Bertolucci s'aligne sur le canon des thrillers politiques d'une riche
décennie. A travers le parcours meurtrier d'un sympathisant fasciste se
cherchant, il dissèque la société dans une épopée visuelle hors-norme,
jonglant entre les fantastiques, grandioses mais froides lignes droites
de la culture mussolinienne et la chaleur du bon-vivre bourgeois des
années 30. La photographie de Vittorio Storaro propose parmi la gamme de
teintes la plus belle aperçu dans le cinéma couleur, alors que
Bertolucci se ré-invente à chaque mouvement de caméra, à la tortuosité
parfois impressionnante. Mais le virtuose talent de ces compositeurs
d'image n'est pas vain, décrivant le chaotique système de ses
personnages et leur perdition en son sein. Un brillant exemple du ton
très acerbe des Italiens dès qu'il est question de critique sociétale et
humaine, servie par un total sens de la cinématographie. Une vraie
expérience de fond et de forme(s).
Vampire, vous avez dit Vampire ?, de Tom Holland (1985)
A vrai dire, j'attendais davantage de Vampire, vous avez dit Vampire,
non pas parce que c'est un film "culte", mais parce qu'il a tout les
atouts pour être génial, son postulat, son ton décalé qui ne refuse pas
pour autant un traitement de film de genre, et une décennie qui se prête
à ce genre d'excentricité. Malheureusement, c'est un film qui ne
décolle jamais vraiment, prisonnier du capital-sympathique qu'il offre
au départ mais peu capable de le transcender. Tourné efficacement mais
sans grand génie, il peine peut-être à rivaliser la tête haute face aux
autres œuvres fantastiques des années 80. Le relatif second degré fait
mouche et donne au film de la personnalité, sans toutefois aller au bout
des choses, tout étant bien trop convenu, jusqu'à la dimension érotique
en elle-même. Peut-être était-ce un tort d'attendre quelque chose se
rapprochant du grandiose Loup-garou de Londres de John Landis... !
Revisionnage - Director's Cut.
On se sera peu souvenu du très bon Revenge
dans la filmographie de Tony Scott, encastré entre ses succès
populaires des années 80 et 90, et plus tard oublié au profit du dernier
pan de sa carrière, plus marquant visuellement. Pourtant, malgré des
problèmes de production (qui ont donc conduit au remontage en director's cut),
il y a un film remarquablement bien écrit dans sa perception d'une
affaire de vengeance personnelle. Les archétypes du genre sont détournés
au profit d'un récit plus original, où le discutable héros est
significativement responsable du problème. Le film assume jusqu'au bout
son audace, dans un final qui n'aura été que très peu ré-itéré depuis
dans le cinéma hollywoodien, et c'est peut-être aussi pour cela que le
film a trouvé son échec commercial. Tony Scott perçoit son récit comme
un néo-western crépusculaire, parfois capable d'être anti-spectaculaire
comme certains l'étaient dans les années 70. Le duo d'antagonistes formé
par Kevin Costner et Antony Quinn est percutant de charisme. En résumé,
une oeuvre injustement oubliée de plus.
Jamais de la vie, de Pierre Jolivet (2015)
Sorti dans l'indifférence générale, Jamais de la vie
est pourtant une très belle réponse au moribondisme qui gagne à la fois
le cinéma français de genre comme celui social (pensée pour La Loi du marché).
Filmant à mi-chemin entre les Dardenne et Michael Mann, Jolivet décrit
avec justesse la perversité de l'ennui et l'isolement humain.
Évidemment, il peut compter sur le fabuleux Olivier Gourmet pour
complètement habiter son film, au beau personnage si simple, dans lequel
on s'est tous projeté, volontairement ou non, quelque soit la condition
sociale. Dans ce triste mais vrai portrait de vie moderne, l'élément
perturbateur est quasiment source d'un salut et la tension que fait
grandir Jolivet écrase l'ennui. La fluidité avec laquelle le réalisateur
capte son histoire est presque exemplaire, sans exagération pour en
rajouter, si ce n'est quelques maladresses dans l'utilisation de la
musique. Un ombre bien légère qui n'obscurcit pas la très jolie réussite
du film, qu'il est bon de mettre en avant et d'inciter à la découverte.
Sierra Torride, de Don Siegel (1970)
Revisionnage.
Deuxième
collaboration entre Don Siegel et Clint Eastwood, et pourtant on
croirait ce dernier comme un poisson dans l'eau depuis bien des années
avec son réalisateur fétiche. Sierra Torride est une
géniale forme de réponse du réalisateur à la nouvelle vague de westerns,
autant ceux du Nouvel Hollywood que ceux du club Sergio Leone. Au ton
comique assumé, qui n'aura décidément jamais totalement quitté le
réalisateur, Siegel réalise surtout un western sacrément bien ficelé,
rentre-dedans et généreux. L'acte final du film, la fusillade dans le
fort, se permet de revisiter La Horde sauvage de Sam
Peckinpah, sorti un an plus tôt, détonante (c'est le mot) façon pour
Siegel de clamer aux petits nouveaux que lui aussi est encore dans le
coup. Quant au reste, c'est une affaire de personnalités génial :
Shirley MacLaine et son attachante vulgarité, Clint Eastwood et sa
ténébreuse attitude dont on ne se remettra jamais, et la musique d'Ennio
Morricone, clou du spectacle d'un fabuleux spectacle de Don Siegel,
trop souvent en retrait par rapport à ses films suivants.
L'Homme au pistolet d'or, de Guy Hamilton (1974)
Revisionnage.
Débuts de plus en plus difficile pour la période Roger Moore. Si j'avais déjà vu Vivre et laisser mourir à la baisse lors de mon revisionnage, il faut que je le fasse encore davantage significativement pour L'Homme au pistolet d'or. L'intrigue,
bien que très faible, a pourtant de quoi proposer à James Bond une
sympathique aventure face à la némésis parfaite que représente
Christopher Lee. Hélas, son personnage peu charismatique (un comble !)
gâche bien des enjeux, et le duel avec 007 devient sans âme. Fort
heureusement, on retrouve notre ami le shérif raciste, embarqué dans une
cascade impressionnante, il faut bien l'avouer (bien dommage qu'un
bruitage grotesque vienne s'y adjoindre). Le plus amusant reste
finalement le décor du paquebot Elizabeth renversé dans la baie de Hong
Kong, faisant la joie du chef décorateur, et finalement lieu le plus
dépaysant et original du film le plus faible, jusqu'alors, de la
franchise.
Revisionnage.
Pour Tony Scott, Domino
était probablement une manière d'aller au bout du chemin emprunté
quelques années plus tôt lors de sa radicalisation stylistique. Car ici,
pour être radical, Tony l'est complètement. En bien comme en mal, c'est
un film étourdissant, où le concept de mise en scène de son auteur
(sur-découpage, nombreux mouvements et montage expérimental) est poussé
au maximum. L'exagération formelle est notamment permise par la solide
base qu'offre le scénario de série B (sans que ce soit péjoratif) de
Richard Kelly, même s'il est nécessaire de déplorer au sein de cette
écriture bien vue un récit encadrant très alourdissant. Mais le film
n'en reste pas moins un juste milieu entre l'exercice de style absolu et
un film personnel pour Tony Scott qui reste fidèle à ses valeurs,
disséquant une fois de plus les déviances morales de l'Amérique
contemporaine. Mais il aime aussi ses beaux personnages déviants et leur
offre alors ce film, en forme de singularité plus jamais aperçue depuis
dans le cinéma hollywoodien.
Sergent York, de Howard Hawks (1941)
Un
bel exemple du cinéma de propagande dans ce qu'il a de plus noble et de
plus achevé cinématographiquement. Ceci dit, c'est aussi un exemple
terrifiant de la sordide répétition de l'histoire : l'engagement
américain dans la Première Guerre Mondiale permet d'être un exemple pour
celui de la Seconde. Rien ne change jamais, et surtout pas la guerre.
Derrière la valeur défendue par le film, il y a aussi une solide
dramaturgie. Ici, ça n'est justement pas qu'un film-prétexte : des
personnages sont installés, des enjeux personnels creusés et rien n'est
jamais expédié. On retrouve alors ce bout d'Americana que vient capter
la caméra de Hawks, à la lisière du western, plongée dans une modernité
qui lui fait justement perdre cet innocent qualificatif. On joue
évidemment sur l'idéal que représente Gary Cooper, ici malmené dans une
première partie avec ce personnage de pitoyable alcoolique, renouant
plus tard avec la sagesse, du moins avec les valeurs plus
traditionnelles défendue par l'Amérique protestante. Mais la finalité de
cette évolution est plus intéressante : Hawks ne célèbre pas
nécessairement le héros de guerre ou la machine à tuer incarnée par Gary
Cooper. Ça n'est alors que l'histoire d'un simple américain appelé à
faire son devoir, mais finalement résolu à rentrer chez lui, renouer
avec l'idéal paradisiaque du "chez-soi". L'ombre de Chris Kyle n'est
après tout jamais bien loin.
Fiche Cinelounge
Revisionnage.
Devant L'Espion qui m'aimait, il faut croire qu'Albert R. Broccoli et Harry
Saltzman se sont enfin dit qu'il fallait absolument rectifier la
trajectoire des aventures de l'espion britannique. Car non seulement le
film est le meilleur de la période Roger Moore, mais plus encore, c'est
un des James Bond les plus géniaux ! L'humour lourdingue devient plus
nuancé, utilisé avec parcimonie, et la part belle est désormais faite au
scénario, tout en prenant soin de complètement moderniser l'ensemble de
la franchise. Exit John Barry (mais comme Bond, il reviendra !), place
au percutant et électronique Marvin Hamlish, qui fait résonner dans "Bond '77"
une des musiques les plus prenantes possible. Bien que l'écriture ne
laisse pas de répit, les enjeux sont davantage installés et évidemment
il faut saluer la présence du fabuleux Cürd Jurgens qui permet de
magnifier et réellement façonner l'antagoniste, le premier réussi depuis
trois films. Enfin, il faut reconnaître que le film est un délice
visuel, précisément photographié par Claude Renoir (avec, paraît-il, une
collaboration un peu secrète de Kubrick), et créant dans la séquences
des pyramides un grand moment qui convoque presque Hitchcock. Bref, une
immense réussite que je ne me lasse jamais de revoir. Sans parler de la
chanson à la fois douce et puissante Carly Simons...
Scott Pilgrim, d'Edgar Wright (2010)
Je pense que tous les réalisateurs très visuels ont des films de la sorte de Scott Pilgrim,
des métrages totalement en roue libre. Ce qui n'est pas toujours une
critique, d'ailleurs, surtout dans le cas d'Edgar Wright qui en profite
pour imposer un déluge d'idées. Car son film, c'est à peu près ceci,
trois idées par plan qui viennent constamment s'entrechoquer, quelque
part entre le virtuose et la limite du trop. Cela contraste peut-être un
peu trop avec la simplicité de la trame, certes assumée comme tel, mais
somme toute trop répétitive alors que les enjeux deviennent un peu
rébarbatif. Néanmoins, le rythme survitaminé de Wright propulse son film
du début à la fin, prenant peut-être un peu trop la forme d'un géant
exercice de style, mais à la singularité colorée qu'il est difficile de
platement ignorer. Et ça n'est pas tous les jours que je suis client de
culture geek au cinéma.
En
voilà tout un programme ! L'étape au-dessus du péplum biblique est donc
l'adaptation biblique en elle-même, mais pas celle des récits antiques,
celle du commencement. D'une certaine manière c'est un peu difficile de
situer La Bible selon John Huston, trop pompeux et lent pour être une
fresque d'aventure, finalement juste une adaptation relativement simple
des premiers chapitres. C'est en fait le prétexte à un film au vaste
visuel, embrassant autant les immenses paysages vierges de la Genèse que
les imposants constructions plus tardives des hommes. Sans que l'on
cerne nécessairement l'intérêt du film, les premiers segments arrivent à
être passionnants comme regard sur comment Hollywood s'approprie et
perçoit le mythe biblique. Il faut même avouer que tout l'acte autour du
déluge et de Noé (interprété par John Huston, d'ailleurs) est
extrêmement réussi, pour le coup autant en terme d'enjeux dramatiques
que sur le plan graphique, très pictural. Le troisième grand acte autour
d'Abraham est plus laborieux et révèle les limites du projet : moins
visuel, l'intérêt s'évapore rapidement et le sens de la dramaturgie est
très absent, plaquant platement à l'écran les divers épisodes de la
famille du patriarche, malgré les enjeux normalement énorme sur le plan
moral que ceci devrait illustrer. En fin de compte, c'est une curiosité à
découvrir pour quiconque se demande le résultat d'une combinaison de la
Genèse de l'Ancien Testament, un gros casting, un gros budget et le
grandiloquent ton d'une coproduction italo-américaine.
Évasion, de Mikael Håfström (2013)
Avec son pitch à dormir debout mettant en scène un "testeur de prisons", Évasion
aurait pu ceci dit tout à fait être une série B des plus sympathiques
et efficace, réunissant son vieillissant duo de gros bras. Hélas, c'est
surtout une production un peu bête qui n'a pas grand chose à proposer et
peine à mettre en scène un film carcéral correct. Les situations sont
tellement surréalistes qu'il est difficile de prendre au sérieux le
film, lui-même trop dénué de second degré pour être interprété
autrement. D'ailleurs on se rend bien compte que si l'on ôte quelques
artifices invraisemblables, le scénario est complètement dysfonctionnel
et mal construit. Et si dans la série B, la simplicité est le maître-mot
comme clef vers l'efficacité, ici rien n'est appliqué et par
conséquent, rien ne fonctionne ou presque. C'est à peine divertissant,
ceci dit le gentil faiseur qu'est Mikael Håfström fait en sorte que ce
ne soit pas trop ennuyant.
Revisionnage.
Si
aujourd’hui Roland Emmerich passe pour un de mes plaisirs coupables de
chevet (en plus du réellement - et surpassement - intéressant Anonymous), il s'imposait autrefois avec Stargate
comme un metteur en scène capable d'être le pilier d'une nouvelle vague
de science-fiction. Du concept génial tiré avec Dean Devlin, il
parvient à extraire un fabuleux film d'aventures spatiales, convoquant
aussi bien Spielberg que David Lean. Le mélange entre science-fiction et
mythologie Antique recèle des merveilles, et ouvre les portes vers un
univers réellement novateur. Il est impératif de noter l'incroyable
travail de production design que l'on doit notamment à Patrick
Tatopoulos, participant grandement à la réussite formelle et cette
impression de nouveauté dans le paysage difficilement mutable, car très
codifié, du genre. Davild Arnold apporte quant à lui la mémorable
partition indispensable (ou presque) à toute grande œuvre du genre,
permettant à Emmerich de signer un blockbuster exemplaire qu'il n'aura
hélas jamais renouvelé par la suite. Néanmoins, je demeure curieux à
propos du reboot.
Moonraker, de Lewis Gilbert (1979)
Revisionnage.
Au cas-où vous ne l'auriez pas remarqué... Star Wars est passé par-là. C'est tellement bête à dire et pourtant Eon Productions tartine Moonwalker de ce nouvel esprit de science-fiction, qui bien entendu contribue à rendre le film imbuvable en plus de l'avoir fait rentrer au panthéon des scènes cosmiques les plus absurdes. C'est peut-être dommage car une partie du film est plutôt réussie, comme en témoigne cette sauvage (mais trop courte) traque canine en pleine forêt. Lewis Gilbert n'est vraiment pas un mauvais metteur en scène, mais il se retrouve avec un scénario dont il est résolument difficile de se dépêtrer. Michael Lonsdale, qui aurait pu être un antagoniste à la froideur ultra-charismatique, trame un plan si grotesque qu'il contribue à ne plus prendre au sérieux le film. Ceci dit, l'ensemble demeure moins pénible et orienté nanar, malgré le final, que dans mes souvenirs. Le navet n'est cependant jamais bien loin, d'où l'importance de la nuance.
Revisionnage, version longue.
La version longue de La Désolation de Smaug avait contribué, bien que légèrement, à me faire ré-évaluer positivement un film imparfait, trahissant les éventuelles faiblesses de cette nouvelle saga, pourtant absentes du premier volet. La Bataille des cinq armées avait été pénible à suivre au cinéma, puisque sans qu'il s'agisse d'un film résolument mauvais, la déception de voir ce Peter Jackson en roue libre était terrible (et les coulisses de la production sont édifiantes à ce sujet). Dans ce cas-ci, le nouveau montage ne change pas que cela la donne. Ce qui faisait défaut à la sortie cinéma, à savoir toute la dimension humaine (ou semi-humaine, c'est selon !) et morale de l'aventure, sacrifiée au profit d'un divertissement d'action, ne ré-intègre pas pour autant sa place malgré quelques séquences toujours appréciables. Alors que la bataille est rallongée, le film ne raconte rien de plus et fait toujours office de conclusion bâclée pour ce qui aurait dû être une belle trilogie d'auteur. La grande réussite demeure toujours cette introduction autour de l'attaque de Smaug, qui, paradoxalement, aurait certainement dû être plutôt la conclusion du précédent volet. Un échec qui n'est pas intégral, mais encore et toujours frustrant.
Revisionnage.
Nouveau cap franchi avec les années 80, mais toujours une incapacité à réellement faire évoluer les épisodes de James Bond. Rien que pour vos yeux est une fois de plus très mineur. L'intrigue mêle mollement des éléments désormais très (trop) classiques, ici un système d'attaque dérobé par un quelconque vilain sans grand intérêt. L'essentiel du film, c'est peut-être le charme de Carole Bouquet et sa longue chevelure, bien que le personnage en lui-même soit sans intérêt. Personne ne porte le film, ni Roger Moore se désintéressant de l'entreprise, ni Julian Glover. Les îles grecques constituent éventuellement un paradis des plus agréables au sein de la saga, mais c'est bien peu pour donner au film un réel intérêt, outre qu'il soit estampillé 007. A noter la musique de Bill Conti, remarquablement pénible.
Les films à historiettes sont souvent des productions hétérogènes d'un segment à l'autre, mais résolument charmantes par le casting qu'elles attirent éventuellement autour de leur concept. C'est le cas de Six destins, permettant à Duvivier de convoquer une très belle brochette autour de la transmission d'un habit. Le prétexte est un peu vague et comme prévu, tous les actes ne se valent pas, mais il permet d'offrir quelques scènes de grâce complètement inattendues, comme une déclaration d'amour d'Henry Fonda envers Ginger Rogers, totalement à tomber à la renverse. Ailleurs, c'est le toujours fabuleux Edward G. Robinson qui vole la vedette dans une touchante saynète sociale. Peut-être pas majeur dans la filmographie de Duvivier, mais un détour hollywoodien des plus agréables, une ode à de beaux acteurs et actrices derrières de jolies histoires.
Tac tac badaboum, c'est reparti dans tous les sens. Belmondo par-ci, Belmondo par-là, Les Tribulations d'un chinois en Chine a tout de l'archétype de la comédie d'aventure, celle qui fait voyager. Et vraiment voyager, d'ailleurs, puisque c'est là qu'on se rend compte, toujours un peu plus, du savant talent de mise en scène de De Broca, et sa grande capacité à sublimer les paysages exotiques que, vraisemblablement, il affectionne tant. Le duo Belmondo / Rochefort est forcément des plus délicieux, inévitablement grâce au le génie comique calme et décontracté de la plus belle moustache de France. L'ennui est banni de cette odyssée improbable, au rythme constant et aux trouvailles toujours plus délirantes. Un cinéma sans limites qui fait drôlement plaisir.
Revisionnage.
Alors certes, justement, ça n'est pas aussi brillant ou constant que les films de Philippe de Broca. Mais après tout, Gérard Oury n'est pas non plus le dernier des manches, et s'il a souvent fauté, il demeure malgré tout un réalisateur de comédie honnête et plutôt solide. Le Cerveau, c'est surtout un scénario assez fin et prenant qui permet d'impliquer un certain nombre de personnages hauts en couleurs : c'est là toute la richesse du film, sur laquelle le casting fait bien entendu écho. C'est un brin n'importe quoi du début à la fin, à l'image du - littéralement - tordant générique, mais c'est aussi la preuve de l'inventivité de l'époque. Un n'importe quoi attachant, parce qu'après tout personne de sensé ne se priverait d'un quatuor Bourvil - Bebel - Niven - Wallach. D'autant plus aujourd'hui, quand ces gens-là nous manquent.
Esther et le Roi, de Raoul Walsh (1960)
Un péplum complètement raté et un Raoul Walsh catastrophique ! Esther et le Roi est un bon exemple de tout ce qui est susceptible d'échouer coproduction italo-américaine (face à d'autre, beaucoup plus réussies, comme Le Cid de Mann). L'écriture, pompeuse et vaine, s'étale sur une histoire relativement faible en elle-même, aux personnages unilatéraux et sans grand intérêt. L'interprétation est incroyablement mauvaise, entre les acteurs italiens post-synchronisés qui surjouent, et les acteurs américains de seconde zone. Presque rien à sauver, en fait, si ce n'est les quelques fulgurances visuelles colorées au sein de la photographie d'un certain Mario Bava, au milieu d'un film formellement assez pauvre et bon marché dans sa reconstitution. La mise en scène est paresseuse, mais on sent bien volontiers Walsh (alors vieillissant) peu intéressé par son sujet, et pas complètement à l'aise, comme d'autres de sa génération, avec le cinémascope. A découvrir si l'on est curieux à propos des erreurs de parcours des grands réalisateurs.
Dès le départ, Légitime Violence est un film qui dégage une ambiance relative de malaise. Le retour au pays de ce vétéran, ex-prisonnier de guerre des vietcongs, donne encore l'opportunité d'un portrait au vitriol de la société américaine. Il y a d'autant plus quelque chose d'inquiétant dans le faciès bien buriné de William Devane, patriote fier recélant un psychopathe au bord du gouffre. L'intrigue devient finalement très simple, puisqu'histoire de vengeance, comme Echec à l'organisation, aussi de John Flynn, mais ici en encore bien plus réussi. Le fond de cette histoire malaisante domine tout le métrage, jusqu'au dernier photogramme. La relation entre Devane et le personnage de Tommy Lee Jones est presque étouffante, en fin de compte. C'est sans doute là où le film est réellement brillant, car il est capable d'en dire le moins possible, d'en montrer le moins possible, et être quand même un grand film d'Amérique, un vrai film de trauma, un vrai drame social, un vrai film de genre.
Un péplum complètement raté et un Raoul Walsh catastrophique ! Esther et le Roi est un bon exemple de tout ce qui est susceptible d'échouer coproduction italo-américaine (face à d'autre, beaucoup plus réussies, comme Le Cid de Mann). L'écriture, pompeuse et vaine, s'étale sur une histoire relativement faible en elle-même, aux personnages unilatéraux et sans grand intérêt. L'interprétation est incroyablement mauvaise, entre les acteurs italiens post-synchronisés qui surjouent, et les acteurs américains de seconde zone. Presque rien à sauver, en fait, si ce n'est les quelques fulgurances visuelles colorées au sein de la photographie d'un certain Mario Bava, au milieu d'un film formellement assez pauvre et bon marché dans sa reconstitution. La mise en scène est paresseuse, mais on sent bien volontiers Walsh (alors vieillissant) peu intéressé par son sujet, et pas complètement à l'aise, comme d'autres de sa génération, avec le cinémascope. A découvrir si l'on est curieux à propos des erreurs de parcours des grands réalisateurs.
Dès le départ, Légitime Violence est un film qui dégage une ambiance relative de malaise. Le retour au pays de ce vétéran, ex-prisonnier de guerre des vietcongs, donne encore l'opportunité d'un portrait au vitriol de la société américaine. Il y a d'autant plus quelque chose d'inquiétant dans le faciès bien buriné de William Devane, patriote fier recélant un psychopathe au bord du gouffre. L'intrigue devient finalement très simple, puisqu'histoire de vengeance, comme Echec à l'organisation, aussi de John Flynn, mais ici en encore bien plus réussi. Le fond de cette histoire malaisante domine tout le métrage, jusqu'au dernier photogramme. La relation entre Devane et le personnage de Tommy Lee Jones est presque étouffante, en fin de compte. C'est sans doute là où le film est réellement brillant, car il est capable d'en dire le moins possible, d'en montrer le moins possible, et être quand même un grand film d'Amérique, un vrai film de trauma, un vrai drame social, un vrai film de genre.
Dangereusement vôtre, de John Glen (1985)
Revisionnage.
Ouf ! Enfin le dernier virage pour Roger Moore. Par chance, Dangereusement vôtre n'est pas le plus mauvais de ses opus et est une clôture fatiguée, mais honnête. C'est un vrai 007 classique à tous les niveaux, finalement plus proche de la construction de ceux de l'ère de Sean Connery. L'intrigue ne va pas chercher forcément loin, mais permet à James un passage en France qui n'est forcément pas de refus, et un antagoniste classieux, même si l'on a connu Christopher Walken plus inspiré. La vraie star, en fin de compte, c'est vraiment Grace Jones, au personnage résolument magnifique à tous les niveaux. Sans surprise, le gros point fort demeure la musique : non seulement l'introduction punchy de Duran Duran, mais aussi les compositions de John Barry, dont le thème romantique est un des morceaux les plus brillants de sa carrière.
Ouf ! Enfin le dernier virage pour Roger Moore. Par chance, Dangereusement vôtre n'est pas le plus mauvais de ses opus et est une clôture fatiguée, mais honnête. C'est un vrai 007 classique à tous les niveaux, finalement plus proche de la construction de ceux de l'ère de Sean Connery. L'intrigue ne va pas chercher forcément loin, mais permet à James un passage en France qui n'est forcément pas de refus, et un antagoniste classieux, même si l'on a connu Christopher Walken plus inspiré. La vraie star, en fin de compte, c'est vraiment Grace Jones, au personnage résolument magnifique à tous les niveaux. Sans surprise, le gros point fort demeure la musique : non seulement l'introduction punchy de Duran Duran, mais aussi les compositions de John Barry, dont le thème romantique est un des morceaux les plus brillants de sa carrière.
Revisionnage.
Je mentionne souvent les films dit "programmatiques", mais ici, avec Tuer n'est pas jouer, il est question d'un parfait exemple au sein de la saga 007. Évidemment, le diptyque avec Timothy Dalton préfigure largement tout ce qui fera le succès plus tardif de l'ère Craig, à savoir non seulement un héros plus perturbé et perturbant, mais aussi une stylistique de film d'action qui éloigne le grotesque au profit d'éléments dramatiques plus importants. Elle est finalement là, la réelle évolution : enfin, les personnages secondaires, outre l'antagoniste principal, prennent de l'épaisseur. Quelques sursauts parfois peu subtiles trahissent éventuellement les racines du personnage, mais qu'importe, c'est tout de même étonnant de se dire que c'est le même John Glen qui est aux manettes de celui-ci. Un miracle n'arrive donc jamais seul, puisqu'en sus, John Barry parvient encore à refaçonner le mythe musical bondien, preuve d'un génie qui a toujours été constant au sein d'une franchise certainement plus hétérogène. Le temps est donc venu d'estimer à sa juste valeur l'apport non-négligeable et avant-gardiste de Timothy Dalton à ce bon vieux James.
Je mentionne souvent les films dit "programmatiques", mais ici, avec Tuer n'est pas jouer, il est question d'un parfait exemple au sein de la saga 007. Évidemment, le diptyque avec Timothy Dalton préfigure largement tout ce qui fera le succès plus tardif de l'ère Craig, à savoir non seulement un héros plus perturbé et perturbant, mais aussi une stylistique de film d'action qui éloigne le grotesque au profit d'éléments dramatiques plus importants. Elle est finalement là, la réelle évolution : enfin, les personnages secondaires, outre l'antagoniste principal, prennent de l'épaisseur. Quelques sursauts parfois peu subtiles trahissent éventuellement les racines du personnage, mais qu'importe, c'est tout de même étonnant de se dire que c'est le même John Glen qui est aux manettes de celui-ci. Un miracle n'arrive donc jamais seul, puisqu'en sus, John Barry parvient encore à refaçonner le mythe musical bondien, preuve d'un génie qui a toujours été constant au sein d'une franchise certainement plus hétérogène. Le temps est donc venu d'estimer à sa juste valeur l'apport non-négligeable et avant-gardiste de Timothy Dalton à ce bon vieux James.
Les Mondes de Ralph, de Rich Moore (2012)
L'intention de ce film m'échappe totalement : un délire nostalgique autour du jeu vidéo des années 80, perçu depuis le prisme de la jeunesse des années 2010, se transformant ultimement en grotesque adaptation d'un univers façon Candy Crush. On dirait que Les Mondes de Ralph a été conçu et écrit par des gens complètement étrangers à l'univers qu'ils abordent, limités au clichés transgénérationnels des jeux vidéo (les personnages cultes de diverses franchises). En réalité, ce pourrait ne pas être un problème si le récit emmenait quelque part, mais hélas c'est un film qui tourne à vide puisqu'il a trop choisi de se reposer sur un concept, ce même concept qui s'évapore après l'introduction, jusqu'à même parfois nous faire oublier que nous sommes dans un monde vidéoludique. Les personnages sont hélas peu intéressants puisqu'ils représentent seulement les archétypes nécessaire pour faire rouler la mécanique d'un scénario trop balisé, typique du manque d'audace du studio dans ses productions d'animation. Les péripéties sont invraisemblablement inintéressantes (la course de voitures, comme point d'orgue de l'aventure, est d'une pauvreté de mise en scène notable) et l'humour fait rarement mouche. Derrière ses allures de correct divertissement se cache un film totalement consternant !
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